Après avoir ressuscité la créature du baron Frankenstein et Dracula, la Hammer continue d’explorer le filon de la Universal en donnant un bain de jouvence à la momie, monstre créé par la firme au début des années 1930. Si les petits budgets des films de la Hammer sont habituellement parfaitement contrebalancés par des atmosphères gothiques, cette production peine plus clairement à faire illusion dans des tombeaux égyptiens. Dans ce tourbillon de couleurs chatoyantes, tout respire le décor de pacotille et la magie a, de ce fait, du mal à opérer aussi efficacement que dans un château scandinave ou dans l’Angleterre victorienne. Si l’histoire est ficelée par Jimmy Sangster (déjà à l’œuvre dans Frankenstein s’est échappé et Le Cauchemar de Dracula), elle paraît, en outre, davantage cousue de fil blanc et en retrait sur le plan de la tension.
Des décors moins convaincants et un scénario moins passionnant constituent forcément des faiblesses que le talent du trio magique (Terence Fischer derrière la caméra, Peter Cushing en explorateur imprudent et Christopher Lee en immense momie titubante) ne peut totalement compenser. Certes, l’interprétation est impeccable, le savoir-faire du réalisateur est indéniable mais l’ensemble manque de mystère, de tension et de moments forts. On retiendra, cependant, les habituelles superbes scènes nocturnes, les beaux plans autour du marais, un flash-back bien imaginé et les différentes séquences dans et autour de la taverne avec le toujours impayable Michaël Ripper.
Bien évidemment, La Malédiction des pharaons est un des classiques de la Hammer. De nombreux éléments en font, à mes yeux, un film tout à fait estimable mais il me semble, à l’image de toute la saga de la momie issue de la firme anglaise, en retrait de très nombreuses autres œuvres. Son rythme trop souvent paresseux, son propos peu subversif et la minceur de ses enjeux en font un film moins passionnant et plus convenu que de nombreux autres sommets de cet âge d'or.