La meute
5.5
La meute

Film de Marco Risi (1994)

J'étais parti sur un avis mitigé car, après tout, il y a peu de matière dans ce film. Il relate un fait divers très cruel.

C'est aussi un film qui crée la polémique : quel intérêt à montrer un tel fait divers au cinéma si ce n'est pour faire un profit sur le dos de la barbarie ? Je n'en ai toujours aucune idée (c'est pourquoi je raccorde en permanence cette idée à l'argent, à la démagogie et à l'opportunisme).

J'ai repensé aux films qui sont promus aujourd'hui, à cette surenchère de l'horreur en tête de gondoles, à la norme du torture porn.

Et puis, s'il manque franchement de psychologie, "La meute" devient peu à peu un malaise, un film qui ne fait pas que déranger. "La meute", au travers de son huis-clos nocturne et de sa ribambelle de sous-prolétaires, arrive à témoigner de l'horreur en actant tout et en ne montrant rien. En tous cas, rien d'autres qui puisse être interprété comme une invitation au divertissement, à l'identification. Le film emprunte alors un chemin difficile tout comme le chemin de son protagoniste principal : Raniero. Ce chemin consiste à ce que ce film soit visible et audible alors qu'il se passe des abominations. Le fait est que je ne vois pas comment ce film pouvait s'en sortir autrement.

On pourra toujours évoquer la volonté de garder une mémoire de ce fait divers mais cela n'empêchera pas que cela se reproduise. A travers Raniero, on observe comment l'effet de groupe et la détermination sociale a un impact majeur sur le déroulement des événements. Il est pris dans un étau et ne peut jamais rompre cette pression du groupe qui le contraint à faire des choses qu'il n'aime pas. D'ailleurs, on suit au plus près ce complice de tous les instants sans jamais qu'il ne fasse rien - rien d'autres que la contrainte. Cette contrainte s'appelle la virilité, le sexisme, le patriarcat, le bizutage

C'est pourquoi, au visionnage, il ne faut pas perdre de vue l'intention dévoilée au générique du début : des messages téléphoniques de haine, de défiance et de pauvreté se succèdent sur fond noir et créent une sorte de cadre économique et sociale. qui conduit à l'atrocité. On arrive à s'interroger sur la responsabilité individuelle et partagé mais l'auteur a un parti pris que je trouve habile pour le coup, avec toutefois ce constat accablant : il n'y a aucun plaisir à suivre ce film.
Andy-Capet
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le 20 avr. 2013

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Andy Capet

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