La montagne expérimentale



La montagne sacrée, c'est une expérience visuelle et une réflexion avant même d'être une œuvre cinématographique expérimentale. J'ai longuement muri ma réflexion justement avant de pondre cette critique, mais comme j'ai mis la note de 10, que je réserve à de rares chef d’œuvres, je me doit d'expliquer pourquoi je ne trouve vraiment rien de solide en opposition à mon ressenti par rapport au film et son message.
Le film nous propose un proto jésus mexicain, porteur de message fort d'un peuple qui n'as connu et connait encore actuellement des massacres. Fort de ce statut, notre bon jésus observe, et sera nos yeux à travers le périple fou de la compréhension du monde et ses mœurs, d'une culture fondée sur la mort et le deuil. On nous parle d'occulte, évidemment, sujet de prédilection de ce cher Jodorowsky, à travers les arcanes du tarot, mais aussi les symboles alchimiques, les astres etc... Mais ils nous parlera aussi entre autre d'abandon de soi, de recherche philosophique d'un but à l'existence, du rapport matériel à l'argent, du massacre de la culture mexicaine, de la religion, de la paix intérieure etc...
Après une première partie centré autour de tout ces sujets, le proto jésus rejoint sa troupe, issu de tout milieu sociaux, à la recherche de l'immortalité.
La deuxième partie sera cette recherche de l'immortalité, en nous même, une immortalité vu comme une unité entre l'esprit et le corps, une immortalité comme salut à une société qui nous enferme en nous même.
Pour finir le film brise le quatrième mur sur un plan final et offre par cette ultime phrase la compréhension de la montagne sacrée dans sa dimension métaphysique " nous en avons fini avec la montagne sacrée, maintenant retournons à la vraie vie ". Ce film est pour Jodorowsky un exutoire, une façon d'épancher tout ce qu'il à pu ressentir de déception après l'avortement de son projet Dune, le rejet d'Hollywood alors qu'il était aux portes de la reconnaissance et de l’œuvre qui aurait changer le cinéma. Mais outre ceci, le film est un remède à cette société et une réponse à comment se conformer à une époque qui ne nous convient pas, cette recherche de l'immortalité est une recherche de réponses. Par cette phrase finale, Jodorowsky nous montre alors que ce film était un dialogue envers lui-même, une réflexion sur le cinéma, certes, mais surtout son cinéma.
Je comparerai au final ce film à ce qu'à pu produire Tim Burton dans son Big Fish, transition dans sa filmographie.
Seulement là ou Big Fish nous montrait une synthèse d'un univers, ici la Montagne Sacrée montre la synthèse d'un esprit, une remise en question de tout et toutes choses.
En bref, la montagne sacrée ne le sera que pour celui qui s'est déjà dit un jour : pourquoi tout ça ? pourquoi l'argent ? pourquoi la religion ? Ce film s'adresse à ceux qui ne se reconnaisse en rien, ceux qui veulent savoir comment faire changer les choses, et ne savent pas comment. Le film au final, en détruisant le quatrième mur, pourrait renvoyer une absence de réponse, nous dire que malgé cette quête, le monde est ce qu'il est, et la montagne sacrée n'est qu'un film, qu'il " est temps de revenir au monde réel " comme il le dit. Mais malgré tout on sent qu'il y à dans cette fin une réponse tacite, entre Jodorowsky et nous : ce film là est immortel, l'art est immortel, et au fond, vous l'êtes aussi, dans la trace laissé au monde.

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le 21 févr. 2018

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Spiralis

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