Ce "giallo", réalisé par Giulio Questi et sorti en 1968, n'est vraiment pas terrible, voire même mauvais. "Giallo" entre guillemets car nous ne sommes pas réellement dans un film du genre, malgré sa scène d’introduction qui pourrait le laisser le penser. Enfin, le film met quelques fois le pied dans le genre mais l'aspect giallo passe finalement très vite au second plan. Le film se centre en effet très rapidement sur une critique de la société de consommation mais surtout de l'élevage intensif. Il s'agit en effet ici de l'histoire d'Anna qui possède une ferme de poulets, qui est mariée à Marco qui tue des femmes dans des chambres d'hôtel pour se libérer de ses pulsions. Le couple vit avec une autre jeune femme, maitresse de Marco mais également maitresse d'un publicitaire témoin des meurtres de Marco et qui travaille pour la ferme de poulets. C'est un synopsis bien compliqué, je vous l'accorde, car ça part un peu dans tous les sens. À la limite, ce n'est pas un défaut car le fait que l'histoire parte dans tous les sens est un trait propre au giallo. Le genre nous a effectivement bien souvent offert des histoires saugrenues aux scénarios alambiqués et aux twists toujours plus surprenants. Seulement ici, le film tente de mixer le giallo (donc un genre populaire) à une critique de l'élevage intensif (donc un sujet plus "intello") ; deux choses qui n'ont absolument rien en commun. Le film donne alors cette impression de passer d'un sujet à l'autre sans jamais que les deux ne se croisent, ce qui est bien dommage ! Pour rattraper ses scènes propres au giallo (les plans sur la lame qui brille, les gants en cuir, le sang, les femmes nues qui hurlent etc.), il semblerait que le film essaye de se rattraper pour ne pas faire trop populaire en nous sortant des scènes à la veine très artsy mais également complètement lunaires (à l'image du titre du film d'ailleurs) ; en témoigne par exemple toute la séquence dans laquelle les invités du couple se prêtent à un jeu étrange dans une pièce vidée de ses meubles. On a cependant quelques bons éléments de mise en scène, notamment la séance de photo dans la ferme qui est superbe. "La Mort a pondu un œuf" est donc un film qui se prend les pieds dans le tapis en voulant mélanger plusieurs genres aux antipodes et en voulant surtout être populaire tout en étant intello.