Le narrateur de "La Petite Bande" raconte sa noyade sous les yeux de quatre pré-ados qui n'interviennent pas. Meurt-il au fond de la rivière ? Pierre Salvadori coupe la scène, revient en arrière, le laisse reprendre la parole. Aimé (le Mal Aimé) est un gamin solitaire, rejeté et assoiffé d'amitié. Est-ce à cause de ses cheveux frisés ? Il ressemble à un Hobbit. Deux collégiens le rackettent et le frappent sadiquement dans la cour de récréation. Personne ne le défend, il encaisse coups et avanies jour après jour, subit un calvaire sans espoir.

Aimé lorgne pourtant du côté de quatre collégiens de douze ans : Antoine, Fouad, Cat et Sami. A cause d'un projet fou : incendier l'usine qui pollue leur rivière ! Ils s'imaginent ainsi rompre avec la solitude et fonder une bande d'amis. Antoine se désespère de ne voir son père incarcéré qu'une fois par trimestre. L'attentat sera un moyen de le voir tous les jours ! Cat déteste le directeur de l'usine, devenu son beau-père et savoure d'avance sa vengeance... Fouad est amoureux de Cat, veut lui plaire et connaît le moyen d'entrer dans l'usine. Sami participe avec réticence, mais ce modérateur ne peut empêcher le groupe d'aller jusqu'au bout. Pourtant l'usine fournit du travail à des membres de leurs familles...

En intégrant la petite bande, Aimé se révèle un extrémiste redoutable (Paul Belhoste impose sa présence de persécuté persécuteur). Le club des cinq rêvait d'amitié militante mais ne conclue qu'un pacte de complicité. L'idée diabolique les dépasse, les entraîne à la dérive. Nous suivons leurs préparatifs et leurs mésaventures parmi les paysages magnifiques de Corse. J'aime bien leur cruauté, leurs masques de sorciers anonymes et l'épisode sylvestre de la cabane. Mais invraisemblances et facilités de scénario prolifèrent. Les parents inconscients, souvent violents, ne devinent rien, les gendarmes sont de supers crétins. Pas de pitié pour le directeur de l'usine, pollueur satanique ! Laurent Capelluto, aux réactions grotesques de martyr, en fait des tonnes. Et les minus Mal Aimés se rebiffent, se prennent au jeu cruel et exagèrent. Démiurge passionnément injuste, Pierre Salvadori leur épargne les conséquences d'actes criminels et caricature tous les adultes à la truelle.

lionelbonhouvrier
6

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste En BoNnE CoMpAgNiE (2017/2023)

Créée

le 21 août 2023

Critique lue 35 fois

2 j'aime

2 commentaires

Critique lue 35 fois

2
2

D'autres avis sur La Petite Bande

La Petite Bande
AlexandreBouy
10

C'était trop bien

Je ne sais pas trop quoi dire. C'était juste trop bien. C'est bien scénarisé, c'est bien écrit, ça parle intelligemment de beaucoup de sujets difficiles... C'est anti-capitaliste, anti-carcéral,...

le 22 juil. 2022

9 j'aime

3

La Petite Bande
Cinephile-doux
7

Le Club des cinq

Les souvenirs de La petite bande de Michel Deville (1983) sont trop lointains pour pouvoir le comparer en détail au film de Pierre Salvadori mais quand le premier était sans paroles et "innocent', le...

le 22 juil. 2022

9 j'aime

2

La Petite Bande
Maligorne
7

Une bande joyeusement perturbée

Il y a dans ce film une forme d'amoralité rafraîchissante, de l'ombre dans l'insouciance, des questions sans réponses. A la fois mignonne et trash, cette petite bande semble à la fois si éloignée et...

le 1 août 2022

5 j'aime

Du même critique

Pensées
lionelbonhouvrier
10

En une langue limpide, un esprit tourmenté pousse Dieu et l'homme dans leurs retranchements

Lire BLAISE PASCAL, c'est goûter une pensée fulgurante, une pureté de langue, l'incandescence d'un style. La langue française, menée à des hauteurs incomparables, devient jouissive. "Quand on voit le...

le 10 nov. 2014

30 j'aime

3

Le Cantique des Cantiques
lionelbonhouvrier
9

Quand l'amour enchante le monde (IVe siècle av. J.-C. ?)

Sur ma couche, pendant la nuit, j’ai cherché celui que mon cœur aime ; je l’ai cherché et je ne l’ai point trouvé. Levons-nous, me suis-je dit, parcourons la ville ; les rues et les places, cherchons...

le 9 nov. 2014

23 j'aime

7