Halloween 2022 approchant, il fallait bien qu'un énième film de possession pointe le bout de son nez en salles pour offrir l'habituel combat entre des prêtres exorcistes et des forces démoniaques accrochées comme des sales tiques aux corps de pauvres innocents.

On le sait par avance, dans ce sous-genre horrifique, rares sont les longs-métrages parvenant à s'extirper de ses codes les plus éculés à base d'os disloqués, de têtes rotatives ou de grosses voix prêtes à déballer les pires insanités mais, de la part de Daniel Stamm, auteur du très sympathique "Le Dernier Exorcisme" qui en constituait justement une variante assez originale et réussie (un found-footage où un faux exorciste se retrouvait face à un vrai cas démoniaque), on était en droit d'attendre un film qui bousculait quelque peu les conventions établies, surtout après huit d'absence sur grand écran (son remake de "13 Sins" remonte en effet à 2014).

Et, avec son cadre somme toute assez inédit d'école pour exorcistes, (ici une succursale de celle du Vatican située à Boston pour cause de recrudescence de cas de possession), dans laquelle une jeune religieuse tente de s'imposer dans un milieu composé d'hommes en prônant une connexion personnelle avec les victimes des démons pour les guérir au-delà des rites sacrés, le film pouvait laisser vaguement augurer qu'il avait autre chose à proposer en la matière...

Sauf que non. Dès lors (et cela arrive rapidement) que le long-métrage établit le fait que son héroïne va être la cible d'une force maléfique se nourrissant de ses propres démons intérieurs, "La Proie du Diable" se retrouve complètement pris au piège d'un récit aussi limité que prévisible où, accompagné du parcours attendu de la jeune femme dans ce milieu, on explicite chacun des tourments de son passé par la redondance de certains séquences (les entretiens bien pratiques), des événements plus qu'opportuns pour la pousser à y faire face (ce qui concerne son ami prêtre) ou de rares rebondissements fatigués qui achèvent d'appuyer le caractère risible de ces derniers. Incapable de tirer quoi que ce soit de vraiment fou de son cadre (il y a avait pourtant de quoi faire avec les "patients"... qui se résumeront en gros à deux cas mis en avant) ou de ses personnages particulièrement insipides (pas aidés par une interprétation plus que tiède), "La Proie du Diable" ne quittera jamais son chemin tout tracé vers un combat entre son héroïne et ce qui la dévore de l'intérieur dans sa représentation la plus littérale via ce démon méchamment accro à elle.

Ne vous attendez pas non plus à ce que Daniel Stamm rattrape cette sombre affaire grâce à des scènes d'exorcisme ou de manifestations démoniaques à vous décrocher la mâchoire, même de ce côté, le film se contente de dérouler la panoplie d'effets les plus basiques du genre, parfois maîtrisés avec une certaine efficacité mais si banals aujourd'hui qu'ils n'impressionneront guère que ceux qui s'aventurent dans ce type de film pour la première fois (ou la deuxième, allez).

À part l'étrange tendance du démon à se prendre pour le Franck Provost des Enfers (et encore, sa petite fixation capillaire est dévoilée par l'affiche), on ne retiendra vraiment rien de bien novateur de ces séquences -l'ultime combat contre le Mal trouve même le moyen d'être encore plus oubliable que les précédents, un comble.

Peut-être donc que les spectateurs les plus néophytes du film de possession y trouveront un petit quota de frissons à se mettre sous la dent à l'approche d'Halloween, mais ceux qui en connaissent tous les contours depuis des années deviendront vite les proies d'un ennui profond au fil de son visionnage.

RedArrow
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le 26 oct. 2022

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