Chauthi Koot est un film pendjabi, très éloigné des codes bollywoodiens. Le réalisateur, Gurvinder Singh, a adopté un style proche du documentaire.


Chauthi Koot se déroule en 1984, année où la tension au Pendjab atteint son sommet suite à l’assassinat d’Indira Gandhi par ses gardes du corps sikhs. Elle venait d’ordonner l'attaque du Temple d'Or contre les séparatistes du Pendjab.


Deux histoires nous sont racontées : celle de deux hindous qui montent de force dans un train sans passagers pour rejoindre la ville d’Amritsar après qu’ils aient manqué le dernier train pour cette destination. Durant le trajet, l’un des deux hindous se remémore l’histoire d’une famille sikh qu’il a rencontrée une nuit où il était avec sa femme et cherchait son chemin. Cette famille Sikh est l’objet de la deuxième histoire qui tient la place principale dans le film.


L’intrigue principale tourne autour de Tommy, un magnifique chien qui appartient à cette famille de paysans sikhs. Il ne comprend rien aux problèmes des hommes et se comporte comme n’importe quel chien de garde normal. C’est-à-dire qu’il aboie quand des étrangers se trouvent dans les parages. Ce qui est un vrai problème la nuit quand les rebelles sikhs rôdent et ne veulent pas être repérés. La famille se trouve prise entre le marteau et l’enclume, entre les rebelles sikhs et l’armée indienne. Les uns et les autres leur demandent de tuer ce chien, les uns pour ne pas se faire repérer la nuit, les autres parce qu’ils pensent que la famille aide les rebelles.


Le rythme est très lent, les actions sont peu nombreuses, les dialogues quasi inexistants. L’ambiance est lourde, oppressante, suffocante. C’est ce climat de peur lié au contexte de l’époque que le réalisateur a voulu rendre. Et c’est réussi. Durant 1h30 on est plongé dans cette ambiance où les visages sont tendus, les regards effrayés, soupçonneux. La joie est bannie de cette famille sikh tétanisée par la peur et abattue.


Il n’est pas facile d’entrer dans ce film car peu d’éléments retiennent l’attention. Et pourtant c’est un beau film historique et réaliste, montrant les hommes sans paroles ainsi que la campagne du Pendjab avec ses champs, le vent, la pluie, le soleil. Les amoureux de l’Inde, de sa culture et son histoire ne pourront qu’aimer ce film. Mais il est déconseillé à ceux qui n’y sont pas sensibles. C’est un film trop « étranger », ce qui explique la note catastrophique et injuste qu’il obtient sur le site… Il est également déconseillé quand on a besoin d’une bonne détente !
Chauthi Koot a fait partie de la sélection Un certain regard du festival de Cannes 2015.

Créée

le 20 févr. 2022

Critique lue 34 fois

2 j'aime

3 commentaires

abscondita

Écrit par

Critique lue 34 fois

2
3

D'autres avis sur La Quatrième voie

La Quatrième voie
pierreAfeu
7

La guerre et l'impuissance

Si les données historiques permettent de situer le(s) temps du film, sa narration relève davantage de la fable ou de la parabole théâtrale. La quatrième voie se déroule au Pendjab en 1984 alors que...

le 3 mars 2017

La Quatrième voie
CaDuCi
6

Critique de La Quatrième voie par CaDuCi

"La Quatrième Voie" souffre d’un sentiment de surplace et d’une raideur appliquée qui l’empêchent de prendre l’ampleur visionnaire qu’un début nocturne laissait pourtant espérer. Mais il creuse...

le 25 août 2016

Du même critique

La Leçon de piano
abscondita
3

Histoire d'un chantage sexuel ...

J’ai du mal à comprendre comment ce film peut être si bien noté et a pu recevoir autant de récompenses ! C’est assez rare, mais dans ce cas précis je me trouve décalée par rapport à la majorité...

le 12 janv. 2021

57 j'aime

22

Le Dictateur
abscondita
10

Critique de Le Dictateur par abscondita

Chaplin a été très vite conscient du danger représenté par Hitler et l’idéologie nazie. Il a été l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme. Il commence à travailler sur le film dès 1937. Durant...

le 23 avr. 2022

33 j'aime

22

Blade Runner
abscondita
10

« Time to die »

Blade Runner, c’est d’abord un chef d’œuvre visuel renforcé par l’accompagnement musical mélancolique du regretté Vangelis, les sons lancinants et les moments de pur silence. C’est une œuvre qui se...

le 15 janv. 2024

32 j'aime

19