La relève a bien mal vieilli, surtout si l'on pense qu'il n'y a que 30 ans environ qui nous séparent de sa réalisation. De plus, il n'hésite pas à dérouler les moins scrupuleux clichés, que ce soit dans la mise en scène ou dans les idées développées si bien qu'il ne surprend jamais.
S'il avait réussi à se renouveler avec le très bon Gran Torino qu'on peut comparer avec La relève tant les points communs sont nombreux (conflit de génération, désir de transmission, immigration, intégration, fausse dureté du protagoniste plutôt taciturne et champion en insultes, passion des engins à moteur, …), Clint Eastwood réalise ici un film très convenu, grand public, trop simple, sans grande profondeur de réflexion ni d'audace stylistique. Le scénario ressert des situations maintes fois déjà vues et dessert un point de vue racial (certes en arrière-plan mais bien visible) assez douteux (si l'on éclipse l'inévitable mort du collègue noir dès le début du film, on ne peut oublier les clichés tenaces sur les Latinos, principalement Mexicains, affublés d'une indécrottable moustache, accompagnés par une sulfureuse femme aussi traître que la «Malinche», violents à souhait et coupables du plus mauvais goût comme le prouve la couleur de leur bagnole). Par ailleurs certaines scènes nous semblent complètement invraisemblables, comme celles des grosses bagarres ou encore les sempiternelles courses poursuites où bien sûr le héros passe toujours à travers les balles et ne sort jamais de piste.
Signalons toutefois que l'histoire est bien conduite, que Eastwood manie toujours aussi bien l'art du récit et du détail et enfin qu'il réussit ses effets de clair-obscur. Et guère plus.