Ce film, que j'ai moi-même sous-estimé, a déjà été bien analysé par Plug_in_Papa, dont voici l'admirable critique: https://www.senscritique.com/film/La_Revanche_de_Freddy/critique/84983
Ici, il sera plutôt question de mon ressenti, faisant abstraction des questions que je me suis posées alors et qui ont trouvé réponses dans cette belle critique que je vous invite à lire.


N'était un sens profond très intelligent mais assez éloigné du concept fondamental de la saga des Feddy Krueger, La Revanche de Freddy apparaît comme une suite ratée des Griffes de la nuit. D'abord, par ce qu'il ne fait lien avec le premier opus que par le journal intime de Nancy que l'on expédiée hors de la narration en la disant folle.
Ensuite, parce que tout est facilité scénaristique dans ce film qui aurait gagné, une fois n'est pas coutume mais c'était plus rare dans les eighties que ça ne l'est aujourd'hui, à créer un nouveau personnage d'épouvante plutôt que de se réclamer de Freddy Krueger. Le personnage de Pennywise, Ça, semblait plus idoine et aurait pu mener là une sorte de revanche, contrairement à Freddy qui n'en exerce aucune.
Le héros passe de lieux en lieux sans réelles raisons et cherche la compagnie d'amis qu'il veut fuir pour ne pas leur faire de mal. Freddy cherche à entrer dans le monde réel en possédant le héros alors qu'il a déjà la capacité de le faire depuis le début du film. Si ce nouveau pouvoir est inexpliqué, il est d'ailleurs contraire à l'impuissance qu'accusait Freddy dans le premier volet, une fois passé dans notre réalité.


On peut expliquer ces choix pour le moins curieux de deux manières.
Soit de la façon admirable et indéniable de Plug_in_Papa. Freddy incarne la découverte par un jeune homme de son homosexualité, qui pourrait se traduire comme une pulsion primaire qu'il doit apprendre à réprimer. Ce message du film fait de ce second volet une propagande passéiste d'autant plus détestée qu'elle se fait au détriment de l'univers de Wes Craven.
Soit à ma manière, selon une piste plus naïve quoique moins littérale, qui trouvera plus grâce aux yeux du public des années 2010. Le mot "revanche" dans le titre La Revanche de Freddy prendrait le sens ludique de "Nouvelle partie offrant la possibilité à un adversaire vaincu d'être à nouveau gagnant", selon la définition qu'en fait le TLFI. Mais pas la revanche de Freddy en tant que Freddy Krueger ! Le retour de nombreux films d'épouvante et d'horreur à travers les facéties de Freddy.
Soit un medley horrifique dont Freddy serait le DJ et l'interprète.
C'est la raison de ce monde du cauchemar en début et fin de film qui ressemble tant au Saturne de Beetlejuice. C'est ce qui justifie la scène d'attaque de la famille du héros dans le salon par un oiseau qui, comble de l'ironie est rouge et vert, assorti au pull de Freddy. C'est ce qui donne de la crédibilité à la scène où Freddy effraie une population de trente jeunes hommes et femmes autour d'une piscine: exit Les Griffes de la Nuit, place aux Griffes de la Mer ! Sans compter la possession du protagoniste par Freddy et qui doit lutter contre son démon parasite: on peut le dire, Freddy s*** des qu*** en Enfer !


Hélas, ce medley horrifique et cette symbolique découverte de l'homosexualité comme rite de passage vers l'hétérosexualité se font au détriment de l'univers posé par Craven et au prix d'un ton souvent trop proche de la parodie. Exempli gratia, le héros pousse des cris à la façon de Véra Miles découvrant Madame Bates et le premier de ces cris est perçu tu derrière une scène de petit déjeuner familial qui s'en émeut peu ou s'en amuse. L'allusion à l'homosexualité du professeur de gym avec l'expression "cuir-moustache", aussi, est plus comique qu'angoissante.


Si ces deux pistes mêlées associent habilement les thèmes de travestissement et d'homosexualité, elles n'ont aucun lien avec l'univers du croque-mitaine griffu. Et, tant qu'à le faire, pour justifier la folie attribuée à Nancy, il eût été plus intéressant de traiter de l'homosexualité féminine en mettant en scène l'héroïne survivante du premier opus, que Freddy connaît bien. L'occasion de revoir la séduisante Heather Langenkamp dans un rôle plus contrasté et plus complexe.
Le deuxième volet qu'on aurait aimé, c'est La Revanche de Nancy. Mais ce film tient du rêve. Et qui serait assez téméraire pour aller le chercher au royaume de Freddy ?

Frenhofer
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le 3 nov. 2018

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Frenhofer

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