Ouch, quand un metteur en scène qui n'est clairement pas fait pour tâte de la comédie ça fait mal ! La comédie est surement le genre le plus difficile, traiter ça à la légère ça ne pardonne pas.


Pourtant le scènario et les dialogues sont de Roland Laudenbach et Antoine Blondin, qui sont loin d'être des bras cassés. Sur le papier le sujet peut être intéressant. Goscinny et Uderzo ont employé des ressorts identiques dans certains albums d'Astérix. Un capitaliste (Pierre Fresnay) cherche à industrialiser un petit village campagnard (à l'époque où c'était encore perçu comme novateur) pour le touriste qui suit la route Napoléon afin de découvrir l'histoire de France. Il fait croire aussi bien aux touristes qu'aux habitants que Napoléon a dormi dans l'hôtel du village (car un prétexte bidon fait que le village où l'empereur a réellement séjourné ne peu pas les acceuillir).


Il fait aussi croire qu'une fontaine dans le village a guéri miraculeusement Napoléon, s'appuyant sur le médecin et le curé, qui au début sont réticents, et qu'il finit par convaincre à force de persuasion. S'ensuive un conflit moral face au jeune instituteur qui n'est pas dupe, qui a compris le mensonge. (la distribution est principalement masculine).


Mais le propos n'est pas suffisament exploré et les dialogues sont trop avares en fulgurances malgré l'association de deux grands auteurs. Quelques bonnes répliques sans plus. Il semble qu'ils n'aient pas vraiment pris la chose au sérieux. Une grosse partie du film est consacrée a la transition de ce petit village figé en centre touristique. Ca devrait être drôle, ça ne l'est pas. Il faut y ajouter la mise en scène pataude de Delannoy qui semble incapable d'insuffler le moindre souffle comique à son film. On le sent perdu dans ce genre qu'il ne connait pas, il ne sait pas où placer sa caméra. Pourtant c'était un projet ambitieux, mais présentement c'est assez consternant.


Pierre Fresnay, pourtant fabuleux comédien, est dans la caricature de lui même. Son personnage dans ce film ressemble à une sorte de Louis de Funès avant l'heure, la puissance comique en moins (il dit plusieurs fois "je m'en FOU !" avec la même intonation). Son jeu rappel aussi par moment celui d'Yves Montand. Soit il en fait trop, soit il n'en fait pas assez, mais il est totalement inconsistant. Son personnage n'est que l'archétype du nouveau bourgeois (à l'époque), l'entrepreneur dynamique et enthousiasme qui va tromper le bas peuple par le charme. Ce qui aurait pu être drôle, mais à nouveau ça ne l'est pas... Claude Laydu est assez mauvais également, en instituteur coincé, personnage assez inintéressant finalement. Les autres se contentent de cachetonner. Où est passée la formidable direction d'acteur de Delannoy sur "Le garçon sauvage", "Macao l'enfer du jeu", "Maigret tend un piège" ?


C'était l'époque où Delannoy était l'un des représentants du cinéma "Qualité France" qui défendait nos couleurs tous les ans aux festivals. Une fois l'an il y a avait le Delannoy de l'année, c'était un évènement, l'un des grands films français qui va nous ramener des médailles et des grands prix ! Et bien ce ce n'est sûrement pas ce film parfaitement insignifiant qui en constitue le sommet. A l'époque ce fut un fiasco total, aussi bien auprès du grand public que des critiques. Et ça ne s'améliore pas avec le temps.

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le 20 janv. 2021

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