Le déclin des high trust societies dans les pays occidentaux est un thème d'actualité, souvent abordé sous l'angle de la responsabilité des médias, de l'immigration ou des inégalités.
La Salle des profs prend ce thème à bras le corps en l'abordant sous le prisme de l'éducation. Dans ce collège allemand normal, Carla, professeur principal, telle une chef d'orchestre, rythme à l'appui, essaie désespérément de suivre ce modèle de la confiance. Les élèves l'apprécient et vont même jusqu'à la suivre dans ses excentricités, ses rituels, ils n'ont aucune raison de chanter en rythme bonjour, c'est la confiance avec leur professeur et l'affection qu'ils lui portent qui en est le moteur.
Le vol viendra faire voler en éclat ce modèle.
Et c'est dur, si dur de voir cette débutante essayer de naviguer cette voie de la confiance, d'essayer de confronter une voleuse prise en vidéo, qui observe une collègue voler des centimes dans une tirelire emblématique d'une société de confiance. Personne n'est obligé de mettre une pièce pour du café, Carla le fait, et celle ci est pillée.
Devant la fin de la confiance dans ce microcosme sociologique, devant l'impossibilité de confronter une voleuse devant le fait accompli, il ne reste plus que le replis identitaire et l'appel aux règles du complexe étatique et judiciaire.
Tout le monde s'observe et se réunit à huis clos, les parents sur whatsapp, les élèves dans la cour de récréation, les profs dans la salle des profs, les journalistes dans leur salle, tous tirent leur propre vérité, qui servira leurs intérêts, il n'y aura plus ni aveux ni conciliation à l'amiable, George Washington n'avoue pas avoir endommagé le cerisier, la société s'effondre.
Replis de classe des élèves, qui feront bloc, et enverront voler en éclat la relation qu'ils avaient avec leur professeur, replis clanique des profs, qui reprocheront à Carla de vouloir suivre cette troisième voie, celle de la confiance, quand cette dernière refusera le replis identitaire, incarné par le polonais, qu'elle refusera de parler deux fois. Au risque de se retrouver seule.
A vouloir jouer de bienveillance on invite des parents d'élèves idiots dans la maison éducative, encore plus stupides que leurs propres enfants, incapable de faire des exercices de 5eme, demandant toujours plus d'information, de comptes rendus, même quand il n'y a rien.
Peut on en vouloir à une mère de mentir pour son enfant, quand celui ci risque de se faire casser les jambes ?
Rétablir la confiance est impossible et l'exil est obligatoire, il n'y a plus de médiation quand les acteurs refusent la discussion. Il ne reste qu'une parodie de démocratie, incarnée dans cette table ronde et ce vote, qui devra se faire à bulletin secret, et où les règles ne peuvent plus qu'être appliquées par la force, la police devra intervenir.
Ce modèle éducatif, qui ira jusqu'à défendre un élève dont elle aura été victime de violence, ne fonctionne plus. Il faut appeler à l'aide le collègue masculin, et au modèle judiciaro-faciste, quand bien même celui ci n'apporte aucune solution.