Ce film se distingue tout d'abord par sa vision originale de la classe. Ainsi, la musique classique encadre le film, avec une scène d'ouverture sur laquelle s'accordent les instruments et la dernière scène où l'orchestre joue son bouquet final. Un procédé astucieux, qui montre la professeure principale comme cheffe d'orchestre - vision explicitée par son geste pour commencer la classe. Chaque élève doit lire la partition pour le bon déroulé du concert.

Tandis qu'une affaire de vol sévit dans l'école depuis un certain temps, Madame Nowak, professeure récemment arrivée dans l'école, se montre critique face aux pratiques de la direction qui s'orientent plutôt vers la délation et les préjugés.

Le temps d'une séance de sport, elle semble avoir mis le doigt sur le coupable. C'était sans compter le coût social et moral du moyen employé. Il entraîne un tsunami de réactions insoupçonnées, venant ébranler les convictions et valeurs solides de Mme Nowak.

Plus encore, sa ligne de conduite, pourtant guidée par une volonté d'intégrité et de justice, va être mise à mal par les réactions de ses pairs, des parents et des élèves.

L'école est donnée à voir comme un microcosme, comme un monde social avec ses règles, ses relations de confiance, ses tensions.

S'intéressant en soi peu à la dénonciation du coupable de ce vol - pourquoi disqualifier celui consistant à récupérer une pièce du pot commun de la machine à café? - le film tisse patiemment et avec beaucoup de rigueur et d'intelligence les mécanismes sociaux et psychologiques autour de ce vol. Même si à certains moments, il traine un peu en longueur.

Le scénario exploite assez bien le potentiel de l'école pour montrer ses dynamiques - on pense à la salle des profs, à la réunion avec les parents ou au Journal de l'Ecole.

Le film, via Mme Nowak, engage une discussion critique sur le conflit de valeurs pédagogiques face à la réalité sociale. Il invite a à une discussion sur l'environnement scolaire comme miroir du fonctionnement de notre société.

Nuwanda_dps
7
Écrit par

Créée

le 29 mars 2024

Critique lue 4 fois

1 j'aime

Emilie Rosier

Écrit par

Critique lue 4 fois

1

D'autres avis sur La Salle des profs

La Salle des profs
Yoshii
7

Claustrophobie scolaire

Par opposition à la douceur du regard lumineux de Leonie Benesch, "La salle des profs" diffuse le sentiment d'une œuvre un peu âpre, assez difficile à apprécier. Empruntant le chemin du (demi) polar...

le 4 mars 2024

32 j'aime

3

La Salle des profs
Sergent_Pepper
7

Tableau d’une accusation

Il est toujours plaisant de voir un film allemand se frayer un chemin jusqu’à nos salles, signe d’un succès outre-Rhin assez rare. La salle des profs, en écho aux tensions communes vécues par la...

le 7 mars 2024

26 j'aime

La Salle des profs
AnneSchneider
8

L’éducation confrontée à ses propres contradictions

La façon dont une société éduque ses enfants en dit long sur elle-même et Platon l’avait déjà parfaitement compris, qui déclarait : « Lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et...

le 3 mars 2024

22 j'aime

18

Du même critique

Tralala
Nuwanda_dps
8

Tralala dans l'air

La scène d’ouverture donne le ton magique car enivrant de "Tralala" : la poussière d’un squat miteux près à être démoli qui devient poussière d’étoiles et source d’inspiration pour une prochaine...

le 13 sept. 2021

11 j'aime

1

Paterson
Nuwanda_dps
9

Paterson: une réconciliation

Paterson est l'homme, la ville, le film de la réconciliation. Réconciliation entre la pauvreté de la ligne de bus 23 et la richesse des dialogues de ses passagers. Entre la laideur du chien et la...

le 29 déc. 2016

11 j'aime

Sœurs d'armes
Nuwanda_dps
6

Une entreprise louable mais qui se prend à sa propre critique

Rares sont les films qui portent une perspective féministe sur la géopolitique. Car rares sont les occasions que nous offre la vie réelle de promouvoir cette démarche. En s'attachant au commando de...

le 30 août 2020

8 j'aime

1