[Remarques générales. Je n'ai pas envie de juger et noter des films que je n'ai vus qu'une fois, souvent avec peu de connaissance du contexte de production. Je note donc 5 par défaut, et 10 ou 1 en cas de coup de cœur ou si le film m'a particulièrement énervé. Ma « critique » liste et analyse plutôt les éléments qui m'ont (dé)plu, interpellé, fait réfléchir, ému, etc. Attention, tout ceci sans égard pour les spoilers !]


La tendre indifférence du monde est un film de directeur de la photographie - celui-ci s'appelle
Aydar Sharipov. Chaque plan est un tableau, pensé dans sa composition et ses couleurs. Chaque plan, forcément, est fixe et long, à l'exception de quelques lents travellings dans l'axe optique (tous vers l'avant, je crois). Voir ce film a été comme voir une exposition, et ça ne m'a pas du tout plu, parce que ce sont les explications, cartons, brochures, audioguides... qui me permettent d'apprécier une exposition, de comprendre ce qu'il y a d'intéressant à voir. Là, je n'avais pas de clefs pour regarder, je n'en ai pas trouvé, je me suis ennuyé. Je n'ai, de plus, pas compris ce que les références nombreuses à la peinture française du XIXe siècle apportaient au sujet (une histoire de mariage arrangée au Kazakhstan, entre la ville et la campagne).
La tendre indifférence du monde est un film « intello », aussi. Je ne suis pas spécialiste de la culture kazakhe, aussi je ne savais pas comment interpréter ces paysans qui citent Camus, lisent Shakespeare et font des blagues sur les peintres fauvistes.


C'est la photographie qui prédomine, et l'intrigue est assez banale. De toute façon, le parti-pris de mise en scène opère aussi une mise à distance qui rend difficile de sympathiser beaucoup avec les personnages - la caméra semble bel et bien indifférente à ce qui se joue devant elle, privilégiant son aspect.
Ce que je retiens de cette intrigue, c'est que c'est une histoire d'argent : une famille endettée, un mariage arrangé qui n'arrange rien, des petits boulots en espérant une vie meilleure, un cambriolage, jusqu'à ce plan final dans lequel les policiers qui ont retrouvé les corps des deux personnages principaux tués par des miliciens et la déveine.


En somme, je n'ai ni passé un bon moment devant ni aimé grand-chose de La tendre indifférence du monde. J'en retiens tout de même un personnage, Kuandyk (Kuandyk Dyussembaev), qui (exception faite de la scène du cambriolage où il devient on ne sait comment un pro de la gâchette façon Clint Eastwood) m'a plu et touché. Kuandyk est à a fois joueur, inventif, rusé, et très sincère - j'ai notamment été ému par ses déclarations d'amour franches et sans détours. Un personnage un peu enfantin, pas banal pour le coup, et que j'ai trouvé beau, bien plus que tous ces plans picturaux qui s'éternisent.

Rometach
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le 22 mai 2018

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