Sous l'océan tadadada, sous l'océan...

D'après ce que j'ai compris du film, La Vie Aquatique est une réécriture librement inspirée de Moby DIck par laquelle Wes Anderson rend hommage - à sa façon si particulière- au monde marin comme source de mystère et d'inspiration pour également livrer des réflexions personnelles sur son métier de réalisateur, son lien avec le cinéma.

Vaste patchwork coloré, ce film "d'aventure" met en scène, en effet, des centaines de références culturelles diverses liées à ce thème allant du Commandant Cousteau, aux documentaires marins plus largement notamment dans les plans, aux films d'horreur des années 50 qui mettaient en scène d'affreuses créatures des abysses, à la verrerie japonaise, au Yellow Submarine, aux dents de la mer (notamment le plan de la mer rouge sang), aux attaques de pirates, aux trésors cachés dans l'océan (carcasse d'avion qui rappelle Titanic) etc.

Le tout donne l'impression que l'on est dans un rêve fouillis, une sorte de musée de l'esprit où l'on retrouve les souvenirs ou les idées d'escalier du réalisateur en lien avec ce thème. Cette soupe "de la mer", d'inspiration un peu dadaïste m'a beaucoup plu car à sa façon, ce film me fait penser à un poème contemporain et c'est à mon sens le coeur de son originalité.

Par ailleurs, le film est animé par un bouquet d'acteurs légendaires, rythmé par par une B.O très sympa (les reprises de Seu Jorge sont à tomber! ) et j'ai beaucoup apprécié l'humour absurde, un brin Monty Pythonesque qui donne à cet ensemble un souffle insolent, de la légèreté.

En ce qui concerne la trame principale, tout me laisse à penser que le parallèle avec Moby Dick est assez clair. Si le capitaine Achab poursuit la baleine blanche pour expier ses pêchés, retrouver l'espoir, il en va de même pour ce capitaine désabusé, en fin de course, qui traque un requin jaguar dans l'espoir de redonner du sens à sa carrière voire à sa vie.

Sa lutte acharnée pour retrouver l'éclat de sa jeunesse, garder son originalité et son talent semble en effet être le ciment de cette fable a priori autobiographique.

Wes Anderson nous livre en effet un tas de réflexion sur le monde impitoyable du cinéma, des critiques, des producteurs, des assurances, des équipes de tournage...et partage avec le spectateur son sentiment d'être parfois incompris, seul, largué (imagine du capitaine qui fume son pétard sur le tapis rouge à la sortie du cinéma pendant que tout le monde regarde son film) dans ce monde étrange.

Ainsi, le réalisateur semble se décrire à travers le personnage du capitaine, un homme un peu désabusé, dépressif, vieillissant, souffrant de sa notoriété, des attentes, qui ne sait plus trop quoi explorer mais qui, soutenu par son équipe, par son orgueil, par sa volonté de toujours traquer les baleines blanches, réussit à se bouger, faire preuve de courage -même de témérité- ( attaque des pirates) pour terminer son film et atteindre ses objectifs.

A ce titre, j'ai trouvé ce film très touchant et très particulier car c'est la première fois que Wes Anderson se dévoile autant dans un film. Le parti pris est assez risqué, courageux et j'avoue que j'ai un faible pour les personnes qui sont capables de dévoiler et sublimer ainsi leur intimité.