Une belle et émouvante adaptation du livre de Romain Gary

La Vie devant soi est un téléfilm français réalisé par Myriam Boyer, diffusé le 22 décembre 2010 sur Arte. Il s'agit de l'adaptation du roman éponyme de Romain Gary, publié en 1975 sous le pseudonyme d’Emile Ajar (couronné par le prix Goncourt).
Résumé
Madame Rosa (Myriam Boyer), une vieille femme juive, ancienne prostituée et déportée d’Auschwitz gère « une pension sans famille pour les gosses qui sont nés de travers », autrement dit une pension clandestine où les prostituées laissent leurs rejetons pendant quelques mois (ou plusieurs années) pour les mettre à l’abri de l'Assistance publique ou des représailles de leurs macs. Momo (Julien Soster), un jeune musulman d'environ 14 ans (mais qui croit n'en avoir que 10), raconte sa vie chez madame Rosa et son amour pour la seule « mère » qui lui reste.


Mon opinion sur ce film


J’ai vu ce film en rediffusion sur la chaîne RMC de la TNT hier soir. J’aime beaucoup Myriam Boyer, une actrice sincère qui n’hésite pas à tourner des rôles difficiles et peu commerciaux. Le roman d’Emile Ajar (avatar de Romain Gary) avait déjà fait l’objet de plusieurs adaptations (au cinéma en 1977, par Moshé Mizrahi en 1977 avec Simone Signoret ; au théâtre, en 2007, par Didier Long avec, déjà, Myriam Boyer dans le rôle-titre). Je n'ai pas vu le film déjà ancien de M. Mizrahi, mais j'imagine que Simone Signoret, dans le rôle de Madame Rosa, devait valoir le déplacement. C'est d'autant plus courageux à Myriam Boyer d'avoir osé s'affronter, à vingt ans de distance, au même rôle.


Après avoir fait un triomphe avec ce rôle (pour lequel elle a obtenu le Molière de la meilleure comédienne en 2008) au théâtre pendant trois ans, Myriam Boyer a réalisé elle-même cette adaptation du roman de Romain Gary, elle s’est littéralement identifiée au personnage de Mme Rosa, femme forte avec une foi en l’humanité intacte bien que la vie l’ait beaucoup cabossée. Ecoutons-la parler de ce rôle magnifique : "Je voulais moins raconter Mme Rosa, que remettre au cœur du film l'esprit du roman et cette histoire de Belleville, imprégnée de tolérance. C'est un milieu que j'aime et que je crois savoir raconter, puisque j'en viens. S'il est souvent un peu vu d'en haut, je veux, quant à moi, le prendre de l'intérieur et des tripes. J'ai habité Belleville dans ces années-là et c'était vraiment comme ça, un mélange harmonieux. Personne, alors, ne songeait à parler d'intégration. Mais le plus terrible, c'est que trente ans après, les mêmes questions demeurent. Pour moi, La vie devant soi est une fable extraordinaire sur l'humanité, la vieillesse, la maladie et la mort. Romain Gary n'essaie pas de donner de réponses, mais il a l'âge de s'interroger, comme Mme Rosa".

Dans ce beau rôle, que l’on dirait écrit pour elle, Myriam Boyer donne la pleine mesure de son talent. C’est une actrice rare, qu’on aimerait voir plus souvent. Un coup de chapeau aussi au jeune Julien Soster, éblouissant de justesse, dans le rôle de Momo. Il ne semble pas qu’il ait tourné depuis ce film, ce qui est bien dommage, car il a un talent naturel qu’on ne peut que saluer.

Créée

le 24 oct. 2018

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Roland Comte

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