Film de Robert Wise, réalisateur à l'immense carrière jonchée de chef-d'oeuvre, "La ville captive" (1952) arrive à la suite du triomphe que fut "Le jour où la terre s'arrêta" (1951). Wise a déjà acquis une certaine réputation auprès des studios, mais souhaite revenir à un projet plus modeste.


Film noir tentaculaire et tiré d'une histoire vraie, le film s'ouvre sur un couple paniqué qui va trouver refuge dans un commissariat. Ceux-ci vont alors expliquer à l'agent en poste comment ils ont découvert que leur ville était aux mains de la mafia. Le film se déroulera alors entièrement en flashback par la suite.


Le film aborde le thème de la corruption généralisée et comment la plupart des citoyens de la petite ville en question vont s'en accommoder. Certains y verront un intérêt tandis que d'autres vont refuser d'ouvrir les yeux par lâcheté, ne voulant pas prendre le risque de ternir l'image de la ville. Cette dernière, à l'apparence tranquille (pouvant dans une certaine mesure rappeler la Twin Peaks de David Lynch), va s'avérer être en proie à des forces obscures et invisibles.


Le personnage principal, journaliste de métier, va alors incarner une stature morale et incorruptible face à une population qui ne verra pas d'un bon oeil que celui-ci fouine dans les zones d'ombre de la ville et ne vienne gratter le vernis derrière lequel se cache la mafia, car après tout, tant qu'il n'y a pas de vague et que les commerces fonctionnent, pourquoi s'en inquiéter ? La Ville Captive met alors en valeur l'investissement de ceux qui sont prêts à se sacrifier au péril de leur vie pour faire éclater la vérité.


S'il souffre peut-être d'un propos un peu trop appuyé et naïf sur sa fin où le journaliste est persuadé que le problème sera réglé quand il aura fait son discours devant le comité du sénat, le film demeure très intéressant dans sa façon de montrer l'envers du décor de cette petite bourgade américaine et dialogue avec "La Brigade du Suicide" d'Anthony Mann par son côté très documenté.


The Captive City est à voir en Blu Ray chez Rimini Éditions et bien qu'il soit aujourd'hui un peu oublié et rarement cité parmi les grands films de Wise, il n'en figure pas moins en bonne place dans la filmographie de celui-ci grâce à une efficacité redoutable faisant de lui une excellente série B sur fond de corruption et de journalisme.

Christophe-Parking
7

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le 30 oct. 2023

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