Grand Prix du festival de Cannes 2023, ce film que j'ai vu en avant-première, proposé dans le cadre du festival Télérama, est une claque tant l'horreur dénoncée dans son propos qui ne montre rien, mais suggère tout, est d'une violence absolue.

Le pitch est simple : Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, et sa femme Hedwig (étonnante et surprenante Sandra Hüller) s’efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin à côté du camp.

Ce film de Jonathan Glazer restera dans les mémoires tant la rigueur de sa narration, la qualité du traitement de ce sujet détestable, la force du message délivré sont puissants et vous collent à votre fauteuil avec une sidération qui vous étreint.

On se retrouve devant cet écran tel des analystes qui décortiquent un processus sous tous ses aspects sans chercher à comprendre, mais à le valoriser pour le pousser vers une efficacité totale.

Cette scène de la réunion des responsables des camps de concentration pendant laquelle les SS détaillent les objectifs et les procédures est d'une noirceur radicale qui nous ouvre les yeux sur le côté immonde de l'être humain.

Les mots me manquent pour décrire ce ressenti face à ce traitement de la Shoah.

Les scènes sont calculées et délivrées avec un traitement millimétrique afin d'en assurer une efficacité maximale. Aucune n'est inutile, et toutes sont nécessaires. Et le but est atteint ! Je comprends les personnes qui sortent avant la fin du film, tant la gêne et le dégoût peuvent nous envahir et nous déstabiliser. Mais le propos étant d'un réalisme écœurant, il est impossible de rester indifférent.

Dès le début, vous êtes mis dans l'embarras avec ce long moment pendant lequel l'écran reste noir. Comme pour vous enfoncer dans l'obscurité et vous priver de la moindre chance de vous en sortir... Pendant tout le film, les voix en provenance du camp, les fumées qui s'en dégagent, et ce ronronnement régulier du bruit de fond vous mettent mal à l'aise et une sorte d'inquiétude vous envahit. Parfois, les propos tenus vous donnent la chair de poule, car vous ne voyez rien mais tout est suggéré. C'est horrible !

Quant au générique de fin, la qualité de la musique vous donnent l'impression que les cris des mourants, des torturés, des agonisants sont rassemblés pour mieux vous saigner et vous déstabiliser.

Certains ont classé ce film dans les chefs d'œuvre comme les films de Kubrick, par exemple... Pourquoi pas ! Ce qui est certain, c'est qu'il ne peut pas laisser indifférent et qu'en sortant, vous savez qu'une empreinte restera dans votre mémoire. C'est un très grand film sur la Shoah...

Un film à voir, même si une appréhension vous étreint...

Eric-ROBINNE
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le 22 janv. 2024

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Eric ROBINNE

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