Le film de Glazer produit nécessairement un envoutement, par son dispositif même, sa froideur clinique, ses couleurs, ses plans larges. Mais très rapidement, le dispositif tourne en rond. Durant 1h45, le film tient le même propos, répète la même question : comment ces gens peuvent-ils vivre à côté de l'horreur en faisant comme si de rien n'était ? Tout le propos de Glazer est d'instiller le doute sur l'impossible déni qu'il montre. Et pourtant, ce déni n'est pas vraiment brisé, ni par la grand-mère qui fuit, ni par le garçon qui joue alors qu'on abat un prisonnier. A aucun moment ce bruit de fonds incessant, cette réalité qui n'est pas invisible, même si elle n'est jamais montrée, n'est abordée. Elle reste au niveau d'un déni qui nous semble impossible. Et c'est là que le film devient difficile à suivre. Si ce déni est impossible, c'est bien qu'il n'existait peut-être pas. Que le racisme et la détestation des juifs étaient certainement omniprésents dans le quotidien des Höss, comme le racisme est omniprésent dans la bouche de ceux qui le sont. En faisant le choix du silence, du déni, Glazer fait un choix qui me semble contestable et qui devient d'autant plus malheureux quand il semble terminer sur les remords de Rudolf Höss, pris d'un haut le coeur, comme si l'horreur de ce qu'il avait accompli le tourmentait. Cela n'a pourtant jamais été le cas. Höss est mort pendu à Auschwitz après sa condamnation à Nuremberg. Il n'a jamais exprimé un regret.