Late Phases a tout du petit miracle. Un film sur la lycanthropie de ce calibre-là était inattendu en 2015. Au regard de la production fantastico-horrifique actuelle, le métrage se pose comme une sorte d'exception. Une exception qui ranime un cinéma old-school complètement lâché (ou parodié) aujourd'hui. Les spectres du Loup-garou de Londres et de Hurlements ne sont jamais loin.


Le scénario prend directement à contre-pied les clichés. Point d'ado décérébré avide de binouze qui va se perdre en forêt pour se marrer. Ici, le protagoniste, Ambrose de son prénom, est vieux et l'on suit son emménagement dans une communauté réservée aux retraités qui veulent finir leur vie tranquillement. C'est un vétéran du Vietnam revenu aveugle des combats dont les relations avec son fils et sa belle-fille ne sont pas tendres. Il n'accepte pas du tout sa nouvelle vie, le spectre de l'armée le poursuit. Et alors qu'il est à peine installé, une grosse bête poilue arrache les portes, les murs, les fenêtres en plus de la vie de son chien et de sa voisine. De fil en aiguille, l'ex-bidasse reconnaîtra qu'il s'agit d'un loup-garou et que celui-ci vit parmi la communauté. Il va alors se préparer à le recevoir pour la prochaine pleine lune. L'intelligence de ce scénario c'est cette faculté à se restreindre. On ne sort pas ou peu du lotissement que forme la communauté et, outre la première attaque, il n'y aura rien de bien violent à signaler avant un final de folie furieuse.


A l'heure du blockbuster remplit à ras bord de personnages, Late Phases a aussi la bonté de se concentrer sur un seul personnage. Les second-rôles importants du métrage n'ont que pour intérêt d'améliorer le scénario. Ainsi, en plus du protagoniste et du malheureux lycan sous forme humaine, c'est un prêtre qui apparaît régulièrement à l'écran. Non seulement il est interprété par le magnifique Tom Noonan (Robocop 2) mais en plus ses dialogues avec Ambrose rappellent tout l'humanisme du film. De même on se concentre bien plus sur la psyché du vieux vétéran que sur les sanglants évènements. Pour peu on pourrait croire à du Clint Eastwood. La dureté d'Ambrose se retrouve contrastée par l'affection que l'on commence à éprouver pour lui. Et les scènes avec son fils achèvent de nous convaincre. Avec un carcan pareil, Adrian Garcia Bogliano n'a plus qu'à dérouler. Et il le fait très bien.


Sobriété, efficacité, tranquillité. La mise en scène s'adapte parfaitement au milieu dans lequel se déroule le film. La première attaque impressionne par sa violence mais pas forcément par son originalité. Il faut attendre les dernières bobines pour être pleinement convaincu. Avec une transformation hallucinante que n'aurait surtout pas renié le Rick Baker des eighties, Bogliano lance le bal. Une danse mortelle entre notre aveugle bien énervé et pas moins de cinq loup-garous (!!!). Avec une belle fin bien fermée mais en fait bien ouverte. Et toujours en évitant la surenchère inutile. Quel plaisir alors de voir des lycans en vrai, sans effets numériques moches. D'aucun diront que les costumes font cheap mais franchement comment bouder son plaisir devant de belles méthodes old-school. Là au moins quand morsure il y a ça fonctionne.


Alors, ne nous méprenons pas, Late Phases reste un tout petit film qui ne fera date qu'avec un bouche à oreille délirant. Mais il possède un indéniable cachet. Tout joue en faveur du scénario qui monte en puissance jusqu'au déferlement final. Vraiment, un bon bon film de loup-garou.

Aymic
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le 14 mai 2015

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