Sélectionnant un bon nombre de films à voir sur MyCanal, je suis tombé sur Le Bonheur par hasard. Voyant qu'Agnès Varda est aux commandes, je décide alors de le regarder, comme une sorte d'hommage.


Le Bonheur se déroule dans les années 60 (en témoignent les publicités que l'on peut voir durant le film) et raconte l'histoire d'une famille de la classe moyenne : le père (François) étant menuisier, sa femme (Thérèse) couturière. Puis, un jour François rencontre Émilie dont il tombe amoureux.


Le film m'a surtout frappé au niveau de son esthétique et son habile utilisation des couleurs et des lumières.
D'une part, les robes (pour les femmes) et les chemises (pour les hommes) se marient parfaitement avec l'environnement. Cette communion des tenues vestimentaires avec l'environnement apporte un véritable plus à l'histoire. Je pense notamment à la scène de début où la robe jaune va avec les tournesols, et plus largement la saison estivale ou encore la scène de fin où les pulls des deux parents se fondent dans une forêt pénétrée par les couleurs automnales.

Les couleurs vives scintillent, comme le supposé bonheur dans cette famille.


Seulement, l'oeuvre d'Agnès Varda est aussi intéressante dans la manière d'appréhender l'amour. L'amour passionnel est-il un amour excessif? Peut-on aimer passionnément deux êtres? Peut-on aimer immoralement?
François est un personnage que l'on pourrait qualifier d'amoral, et non pas immoral. Il ne voit pas le mal à aimer deux femmes. Pour lui, le bonheur s'additionne. D'ailleurs pour faire comprendre à sa femme qu'il est amoureux d'une autre femme (en plus de Thérèse et non pas aux dépens), il utilise les pommiers comme métaphore. Cette métaphore, bien qu'elle soit très poétique, reste parlante.


La situation de François est-elle à envier ou à rejeter?
Le film pose cette question, mais aucune réponse objective n'est donnée, ni attendue.


Finalement, la joie couplée au plaisir n'est qu'éphémère. Le bonheur existe, mais à temps partiel.
L'amour ne s'explique pas, tomber amoureux(se) encore moins.


Le Bonheur est à voir : le voir pour l'apprécier, le voir pour le critiquer, le voir pour être mal à l'aise, mais surtout le voir pour réfléchir.

sachamnry
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le 13 mai 2019

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sachamnry

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