Gotho, un bossu romantique, mais avec de sérieux problèmes d'anger management, s'éprend d'une jeune fille mourante. Le destin accomplissant son œuvre, il se tourne vers un scientifique de type "savant fou amoral auquel on a coupé les vivres mais qui s'en fout" pour ressusciter sa dulcinée. En parallèle il emballe une autre pépée (un tombeur, le Gotho) et accumule les atrocités pour le compte du brave docteur.


Du sang ! Du sexe ! Du bossu ! Le bossu de la morgue harangue le spectateur, et, fait rare dans le cinéma d'exploitation, remplit toutes ses promesses. Il va même parfois un peu trop loin, en brûlant vivants de pauvres rats qui n'ont rien demandé. La légende dit qu'ils étaient tenus affamés quelques jours pour les rendre plus agressifs face à un Paul Naschy enduit de graisse. Une autre légende raconte que les découpages de cadavres étaient réels et effectués sous l’œil bienveillant du directeur de la morgue (la vraie). Extrapolations ou pas, ces anecdotes démentielles rendent bien compte de la folie qui règne dans le film.


Meurtres et enlèvements en cascade, décors superbes (les sous-sols d'une ruine castrale), rythme effréné surprenant pour une production de ce type, érotisme malsain (on frôle la nécrophilie), kitsch savoureux des expériences médico-dégueulasses, rien n'est à jeter dans Le bossu de la morgue. Même la traditionnelle enquête policière inutile est expédiée en deux fois trente secondes. Paul Naschy assure dans le rôle de Gotho, prouvant une nouvelle fois sa stature de géant du fantastique ibérique, et la musique accompagne parfaitement le décalage entre le propos naïf (l'amour par-delà la mort) et le graveleux des situations présentées.


Pour être tout à fait juste avec le film, il faut également lui reconnaître de réelles qualités formelles : certains plains d'exposition des lieux sont sublimes et font appel à l'imagerie gothique (brume, léger travelling lors du premier plan de l'extérieur de l’hôpital par exemple), tandis que l'idée sonore du cri de l’abomination, créée par le savant fou, qui s'amplifie à chaque minute, fout réellement la pression.


Bref, coup de génie ou coup de folie, mon cœur hésite entre les deux. Et c'est ça qui est bon.

Seet
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le 6 janv. 2017

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Seet

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6

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