Péplum atypique par ses choix artistiques et scénaristiques en décalage avec le standard hollywoodien de l'époque, Le Calice d'argent est hélas raté pour les mêmes raisons. Loin de vouloir en mettre plein la vue avec des décors grandioses et fastueux, Victor Saville opte pour des maquettes en carton-pâte à l'allure épurée tout au long du film. Un parti-pris certes audacieux, mais qui manque son but, puisque le côté « scène de théâtre » des décors donne à l'ensemble un caractère bricolé assez cheap. Dommage, car les rares plans en extérieur sont en revanche remarquables, à l'image de ceux de la scène dans le désert.


Le scénario quant à lui se perd en longueurs, il y a clairement une demi-heure de trop sur les 2 h 15 que dure la bobine et c'est bien dommage encore une fois car l'intérêt du spectateur, réel au début, s'affaiblit considérablement par la suite. Toutes les scènes du début sur la petite enfance de Basile (dans lesquelles on reconnaît Natalie Wood en blonde), et la suite de cette storyline sur son statut d'esclave ou pas, sont par exemple inutiles. Le script, en outre, ne tient pas toutes ses promesses, comme celle d'une confrontation finale entre l'apôtre Pierre et Simon le Magicien que l'on nous fait longtemps miroiter et qui n'arrive jamais.


Il est plaisant cependant de voir évoluer, pour la première fois au cinéma, le tout jeune Paul Newman dans le rôle principal, même si son nom est devancé par ceux de Virginia Mayo (beauté fanée), Pier Angeli (charmante) et Jack Palance (habité par son rôle mais néanmoins ridicule) au générique. Le véritable intérêt du film réside dans la description des rapports entre juifs, chrétiens et l'envahisseur romain, et l'utilisation de la religion et ses symboles (le calice, donc) comme instrument de pouvoir. Hélas, tout cela est trop dilué pour être traité efficacement, et ce péplum s'avère aussi peu convaincant qu'ennuyeux.

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le 20 déc. 2019

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The Maz

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