Amoureux des méchants et du cinéma réaliste, Henry Hathaway (HH) est votre homme. Et ce génial "Carrefour de la Mort", un film à voir et revoir. Avec en toile de fond la ville de New-York - ses extérieurs , ses intérieurs - et en guise de protagonistes principaux des malfrats bien plombés.

Pour la petite histoire, HH est un des rares cinéastes à s'extirper des studios pour filmer in situ. C'est ce qui fait réellement le charme de ce film en noir et blanc.
Avec aussi, la composition hallucinée d'un Richard Widmarck qui pour son premier grand rôle marquait durablement le coup en gangster retors, paranoïaque et ultra violent. Victor Mature, peut-être un peu trop non chaland pour son rôle de caïd reconverti en "balance" repentie, tient malgré tout bien la route, notamment dans les scènes attendrissantes avec sa famille enfin retrouvée. Ces deux rôles seront respectivement repris avec beaucoup moins de finesse, c'est le moins qu'on puisse dire, dans le bon remake de Barbet Schroeder (1994) par un Nicolas Cage bodybuildé et insipide, et un David Caruso en droopy rouquin un brin autiste.

Kiss of Death (le titre original) est de ces belles perles noires propre au cinéma ricain d'après-guerre, bien rythmé, pourvu d'une photographie remarquable surtout sur les scènes de nuit ( Norbert Brodine déjà croisé chez Mankievicz, Hawks, Dassin, Sturges) , et d'une bande son au diapason (David Buttolph compositeur chez De Toth et son remake de l'Homme au masque de cire de Curtiz, chez Butler pour son Calamity Jane).

J'aime bien ce cinéma qui vieillit bien et qui sans ambition affichée de voyage te transporte par son déroulement . Ici on passe du Chrysler Building (la bijouterie à dévaliser étant situé au 24ème étage de l'immeuble), au Federal Hall (sur Wall Street), en passant par le Criminal Court Building (près du Civic Center), le Club 66, Sing Sing (à Ossining, dans l'Etat de New York) . Des lieux mythiques qui font kiffer le spectateur lambda. Encore aujourd'hui NY reste un acteur à part entière, et bankable qui plus est . Regardez une série comme Mad Men, que devient elle sans sa Grosse Pomme.
Hathaway avait bien compris ça.
goummo
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le 17 mars 2011

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goummo

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