Disparu des écrans depuis 2002 (Signes, et oui, déjà), Mel Gibson en avait un peu marre d'être acteur (dixit lui-même). Revenu l'année dernière avec le moyen « Hors de contrôle », il laisse son habit d'homme d'action au vestiaire et revient cette année avec Le Complexe du Castor, présenté également à Cannes. Verdict.

e nos jours, voir un scénario original n'est pas chose courante dans le cinéma, quand ce n'est pas une adaptation, un remake ou inspiré de faits réels. Voir un scénario original intelligent est clairement une chose rare. C'est pourtant le cas de The Beaver, film de Jodie Foster et écrit par le créateur de la série The Lone Star, Kyle Killen. D'abord donné à un autre réalisateur, cette histoire de Castor a tant charmé Foster qu'elle a demandé au producteur d'être seconde sur la liste d'attente. Chance pour elle (et pour nous), l'actrice a décroché son troisième film. Et quel film! Nous suivons donc Walter Black dans sa dépression. Le film s'ouvre sur un Mel Gibson vieillit, triste où sa vie est terriblement monotone. Jusqu'au jour où il décide de se prendre en main et parlera par une marionnette qu'il était à deux doigts de jeter dans une benne à ordure : le Castor. Cette marionnette sera en fait en quelque sorte sa conscience, son alter ego, où par le biais de sa main il dira tout ce qui lui passe par la tête. Là où tout aurait pu être un drame familiale chiant et idiot, la finesse d'écriture, les acteurs et la réalisation sont là pour nous prouver le contraire. En effet, The Beaver s'ouvre comme n'importe quel drame à moitié comique. Une voix off, des plans serrés, la famille... La famille justement. Contrairement aux autres drames qu'on a eu l'habitude de voir, ici, la famille ne fait pas office de background inutile histoire d'engueuler le personnage principal. Non, on se retrouver devant 4 personnages dont le temps à l'écran est à peu de chose près le même : Mel, The Beaver, le fils et le reste de la famille (Jodie/le petit garçon). Et c'est là qu'on se rend compte à quel point Le complexe du castor est bien écrit. Car le Castor n'exorcisera pas Walter mais bel et bien la famille entière. Mais commençons par le commencement. Du jour au lendemain, Walter passera de dépressif à extravagant, où il essayera de changer l'homme qu'il était. Il change sa dépression contre une réelle schizophrénie à tel point qu'il considérera sa main comme un véritable être à part entière. Parallèlement à ça, son fils essaye de ne pas devenir le même homme que son père et fait TOUT pour éviter les ressemblances (Il les note d'ailleurs sur des post-it).

Inutile de dire que tout ceci aurait été rébarbatif par un autre réalisateur. En effet Jodie Foster nous fait part de son excellent talent caché en faisant preuve d'inventivité. À l'instar de Peter Jackson pour Gollum, elle utilisera champs et contre champs régulièrement pour bien montré cette double personnalité sans pour autant en faire trop. De même, le parallèle entre le fils et son père est très bien amené par l'utilisation intelligente de split screen.
La finesse d'écriture de Kyle est telle qu'on évite de tomber dans le patho, le cliché et le tire-larme. D'un drame familiale on passe réellement à une étude intelligente des comportement des gens face à la dépression. De plus, le scénario et sa fin s'avèrent ultra couillu (même si le rythme pêche un peu). Avec une bonne dose d'humour noir, The Beaver nous fera régulièrement sourire tout en réussissant à nous mettre mal à l'aise. Dire que Mel Gibson est un excellent acteur est un euphémisme et il nous le montre encore une fois pour un de ses meilleurs rôles (intéressant également surtout quand on connait la face cachée de Mad Mel) si bien qu'on a parfois l'impression que le Castor est un acteur à part entière.
Excellemment bien écrit et bien joué, Le complexe du castor signe le retour de Mel Gibson sur grand écran où il est simplement phénoménal. Malgré un problème de rythme sur la fin le sujet est très bien traité en évitant la plupart des clichés et on a hâte de voir la prochaine réalisation de Jodie Foster
AlexLoos
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le 21 mai 2011

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