Le Conte de la princesse Kaguya
7.9
Le Conte de la princesse Kaguya

Long-métrage d'animation de Isao Takahata (2013)

2014 est une année très spéciale en terme d’animation. Nous avons peut-être eu droit aux derniers testaments de deux des plus grands maîtres existants. Hayao Miyazaki réalisait Le Vent se lève qui pour une grande part semble être la plus personnelle de ses œuvres. Et Isaho Takahata adaptait un conte du Xème siècle du folklore japonais : Le Conte de la princesse Kaguya. Alors une seconde avant de plonger dans le film, on parle là de deux piliers de l’animation, ils forment ce trio emblématique du studio Ghibli avec Toshio Suzuki. À eux trois, ils nous ont apporté Princesse Mononoke, Nausicaa, le Château ambulant, mon voisin Totoro, le Tombeau des lucioles, Le Voyage de Chihiro, Kiki la petite sorcière, Ponyo sur la Falaise, Souvenirs goutte à goutte, le châteu dans le ciel, Porco Rosso, Nos voisins les Yamadas… et je commence à sécher. Le studio Ghibli a réussi à se construire une identité visuelle très reconnaissable et s’éloignant des standards légèrement putassiers de l’animation japonaise. Les films évoquent souvent les mêmes thèmes récurrents et presque chacun d'entre eux est à couper le souffle. Mon préféré est Mononoke sans discussions. Je suis beaucoup trop triste que Miyazaki ait pris sa retraite et que le dernier film du studio soit peut-être sorti en 2015. C’est un peu une grande partie de mon enfance quoi.


Bref, Kaguya est donc le fait de Takahata, si on doit en retenir qu’un seul chez lui ce sera Le Tombeau des Lucioles qui me détruit à chaque visionnage. J’ai jamais trop trouvé mon compte dans la critique de la guerre de ce film, je suis beaucoup plus touché par la destruction de l’innocence à laquelle on assiste. Et bordel, il a encore réussi à me toucher avec cette histoire simpliste au premier abord mais qui combine tellement de choses en même temps. Si je devais comparer encore une fois au Tombeau des lucioles, celui-ci nous touche en nous balançant séquence coup de poings sur séquence coup de poings. Kaguya prend beaucoup plus son temps pour ça et le fait d’une manière beaucoup plus pernicieuse je trouve.


Nous sommes face au plus long film de Ghibli mais comme bien des histoires elle commence avec des origines bien modestes. Un coupeur de bambou, Okina (vieil homme en japonais) fait un jour face à un arbre brillant particulièrement et trouve en son sein un bébé. Croyant voir en cette apparition le cadeau d’un dieu, il s’empresse de ramener l’enfant auprès de sa femme Ouna (vieille dame en japonais). Mais du fait de ces origines, l’enfant grandit à une vitesse incroyable passant de bébé à pré-adolescente en quelques jours.


Pendant que Kaguya vit une enfance normale dans cette ambiance rurale, en étant ami avec les enfants du coin et particulièrement avec Sutemara, son père adoptif est aveuglé par la valeur supposée de Kaguya. Le fait qu’un bambou commence à produire de l’or pur finit de le décider à construire une résidence en ville et de faire de Kaguya une princesse. Elle reçoit là-bas une éducation sur comment se comporter en tant que femme. Elle est courtisée par 5 nobles et éventuellement par l’empereur lui-même et se sent de plus en plus oppressée.


Le Conte de la princesse Kaguya est peut-être ce que le studio Ghibli a produit de plus beaux de toute son existence. À l’aide d’Osamu Tanabe et Kazuo Oga, les deux principaux animateurs, Takahata a créé un monde à part entière dans l’histoire de l’animation. Les arrières-plans sont pour la plupart d’un blanc pur, on se focalise principalement sur les personnages. Chaque trait de peinture a du sens, on est face à un hybride entre l’héritage des estampes japonaises et les techniques d’animation moderne. Et le résultat est un ravissement pour les yeux, l’une des scènes les plus magnifiques et quand Kaguya s’enfuit de sa maison et on ressent chaque très de crayon, chaque couleur.


Il y a une certaine balance dans ce film où on alterne les scènes au rythme lent et où on se laisse transporter par la beauté de l’animation et celles qui ressemblent à des courses effrénées et qui coupe le souffle. À peine Kaguya est-elle née qu’on est presque en train de faire le deuil de sa vie.
Le conte de la princesse Kaguya offre beaucoup au spectateur. Il ne possède pas la complexité du Vent se lève mais au final j’ai fini par le préférer à celui-ci. Sa simplicité me touche et sa morale tout autant, la vie est remplie de choix et de sacrifices, certains sembleront indispensable, d’autres non. Apprécier les bonnes choses ne la rendront pas plus longue mais nous rend conscient de ce que l’on peut perdre.

Arnaud_Mat
9
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le 1 févr. 2016

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Arnaud Mat

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