Le Crâne hurlant
5.1
Le Crâne hurlant

Film de Alex Nicol (1958)

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Jenni et Eric sont deux jeunes époux qui décident d’emménager dans la maison de campagne du marié. Celui-ci a déjà été marié auparavant avec une jeune femme femme baptisée Marion, morte lors d’un accident. Jenni n’est pas vraiment rassurée par cette maison un peu vide, mais décide de rester. Elle y fait la rencontre du charmant couple de voisins formé par le Révérend Snow et sa femme, mais aussi du jardinier, jeune homme mentalement instable, qui était et reste très proche de Marion ou de son souvenir.


Et la première nuit arrive, avec des cris qui font trembler les murs et Jenni, d’autres suivront, et ce ne sera plus seulement des hurlement que Jenni entendra mais elle sera aussi confrontée à un crâne, toujours présent, aux plus étranges endroits. Peut-il être celui de Marion ? Est-ce lui qui hurle ? A moins que tout ceci ne soit que dans son imagination ?


Le premier film à la direction d’Alex Nicol est un film indépendant en noir et blanc qui cherche à provoquer le frisson, en misant sur deux tableaux. Il y a cette possibilité que l’esprit de Marion vienne hanter Jenni, l’option surnaturelle de la vengeance, mais aussi en contrepoint son passé en institutions psychiatriques dont elle pensait être sortie guérie et qui expliquerait ces hallucinations. Malgré une tête bien posée sur les épaules, elle-même a peur de la rechute. Son mari tente de la protéger de ses affirmations et de ses craintes, tout en prévenant ses amis des antécédents de sa nouvelle femme.


La résolution de cette histoire n’est pas déplaisante, même si elle n’est guère originale, ce « oui mais » ou « non mais » selon le point de vue. Malgré sa petite heure de film pour double programme, l’ennui n’est jamais trop loin, le métrage prenant un certain temps pour installer ses personnages, mais aussi cette maison, bien que secondaire dans le récit. Le mystère autour de cette hantise permet de garder un œil à moitié ouvert pour savoir le fin mot de cette histoire qui arrive à des personnages malgré tout attachants, la pauvre jeune femme en tête.


Jenni est bien interprétée, Peggy Webber lui offre une inquiétude et une douceur ambivalente, même si quand l’effroi est là, elle n’est plus crédible, trop exagérée. Les autres acteurs sont d’ailleurs assez bons, très professionnels, avec John Hudson ou Russ Conway, avec de solides expériences dans le cinéma ou la télévision. Seule Tony Johnson, la femme du révérend, n’aura qu’une petite carrière, et c’est bien regrettable. Alex Nicol s’offre lui le rôle du jardinier simplet, une prestation hélas un peu ridicule et peu convaincante.


Pour un premier film, la mise en scène est solide, avec quelques plans bien étudiés, notamment pour les scènes les plus doucement inquiétantes. Même si le montage est parfois trop découpé. Alex Nicol peut s’appuyer sur la belle photographie de Floyd Crosby, lauréat d’un Oscar en 1930 pour Tabou de Friedrich Wilhelm Murnau, Golden Globe en 1953 pour Le Train sifflera trois fois, et fidèle de Roger Corman. Le noir et blanc est contrasté, la végétation autour de la maison étant sans cesse montrée et exposée, décor de la fuite mais aussi lieu pour se soustraire aux regards, tandis que le bassin du jardin sera un lieu central, dont la noire eau cache forcément un secret.


Mais le problème majeur du film, et pas des moindres, c’est que jamais il n’arrive à créer la terreur quand elle est sensée s’abattre. Tout au plus un léger frisson vers la fin, mais qui ne dure pas. Si on peut trouver certaines qualités à d’autres moments, le tout est présenté avec un ridicule bien désuet. Le mari explique les cris de la nuit par ceux des paons des environs, et ce à plusieurs reprises. J’avoue n’avoir jamais entendu une telle excuse dans un film d’horreur, c’est une première. Ce crâne qui semble se déplacer tout seul fait évidemment accessoire de farce et attrape, qui arrive toujours à trouver son chemin, tandis que les trucages sont bien visibles. Pour les moments les plus angoissants, le film fait difficilement illusion, mais quand il cherche à nous terroriser, avec cris bruyants et ce crâne omniprésent, on pouffe plutôt qu’on ne souffre avec Jenni.


Le Crâne hurlant commence avec un avertissement adressé au spectateur. Que le film qui va se présenter est tellement terrifiant que la production s’engage à payer les funérailles de ceux qui viendraient à mourir de frayeur devant. Une astuce promotionnelle piquée à William Castle, mais qui est surtout terriblement prétentieuse.


A moins que ce ne soit ma faute. Après The Terror (1963) et Dementia 13 (1963), voici un autre thriller horrifique de ces années qui n’arrive pas à me convaincre.

SimplySmackkk
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le 14 déc. 2021

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