Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa...
De l'intérêt de re-re-re-revoir un film...
Car ce film faisait partie des œuvres que je n'appréciais pas chez Hitchcock. En le revoyant hier, j'ai quand même changé d'avis.
Ce qui m'a surtout plu, c'est le personnage du mari, Tony, interprété par Ray Milland. Cet homme organise l'assassinat de sa femme avec un formidable aplomb. Un crime orchestré depuis des mois, préparé doucement, minutieusement. Avec une certitude absolue : la réussite de son plan. L'échec n'est pas une possibilité.
Il faut dire que Tony a une extraordinaire faculté d'adaptation : quand son plan initial foire, il improvise, toujours avec le même aplomb. Pire : la loi semble de son côté, puisque, si sa femme n'est pas assassinée par un criminel, elle le sera pas l'état britannique.
Face à lui, l'inspecteur Hubbard est un régal. Interprété par un John Williams british jusqu'au bout de la moustache, il est au moins aussi tordu que son adversaire, et le duel entre les deux est assez savoureux. Jusqu'à la dernière image du film, qui voit notre policier se peigner la moustache avec délectation.

Dans notre plaisir, n'oublions pas que le film présente quand même des défauts assez évidents. D'abord, il est beaucoup trop bavard. C'est surtout flagrant au début: que de bla-bla ! ça en devient vite lassant. Le fait que ce film soit adapté d'une pièce de théâtre ne justifie pas les monologues interminables : un film ne fonctionne pas comme une scène théâtrale. La rencontre entre Tony et C. A. Swan en est un grand exemple.
Autre défaut majeur : la fin. Non seulement elle traîne en longueur, elle est trop bavarde elle aussi, mais surtout elle est très tirée par les cheveux. Tout le monde est berné, dupé par le stratagème du mari-futur-veuf, mais voilà que, d'un seul coup, l'amant et le policier débarquent en ayant des soupçons. Des soupçons qui semblent venir d'on ne sait où, peut-être murmurés par une quelconque divinité du deus ex machina... En tout cas, ce coup de flair qui mène les enquêteurs sur la bonne piste est totalement téléphoné et décrédibilise tout le scénario.
D'autant plus que semble apparaître (là aussi, on ne sait d'où) une complicité entre le policier et l'amant. Comment ? Pourquoi ? ça paraît plus qu'invraisemblable.
Ainsi donc, certains films ont un ventre mou; dans celui-ci, c'est le ventre qui est dur et le reste (le début et la fin) qui est mou. Ce milieu est vraiment délectable : la montre arrêtée, le coup de téléphone qui n'arrive pas, les ciseaux, la première enquête, jusqu'au jugement, c'est bien foutu.

Niveau interprétation, Ray Milland est tellement lumineux qu'il obscurcit un peu tout autour de lui. Grace Kelly ne me convainc pas vraiment et Robert Cummings est sans intérêt.
Hitchcock essaie de faire oublier que la pièce est un huis-clos en multipliant les mouvements de caméra. Là aussi, c'est un peu vain.
Au résultat, le film est nettement supérieur que dans mes souvenirs (ce qui laisse un petit espoir pour les autres Hitchcock que je n'appréciais pas jusqu'à présent) mais reste bancal.
SanFelice
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le 30 déc. 2012

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SanFelice

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