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Ceux qui se sont attelés à l’écriture et à la réalisation sont, de toute évidence, des grands admirateurs des westerns américains. À l’inverse de beaucoup qui se sont lancés dans le genre en Italie et qui entendaient bien le détricoter dans tous les sens, on a visiblement affaire ici à tout autre chose. Si la figure du pistolero est évidemment récurrente dans le western italien, sa fonction est souvent très différente. Étranger en un lieu où il débarque, il fait office de détonateur de l’intrigue. C’est le cas ici mais cet étranger incarné par Lee Van Cleef est encore plus fourbe que ceux qui nous sont habituellement présentés. Très clairement, Ernesto Gastaldi, le célèbre scénariste, se sert de ce personnage pour faire écho à l’actualité sociale de l’Italie. Le réprouvé incarné par Giuliano Gemma voit, avec l’arrivée du pistolero, l’opportunité de sortir de sa condition, lui le fils d’une prostituée et d’un inconnu. Et ce que raconte le film est que cette seule issue est celle du crime même pour ce brave garçon, un peu naïf mais fasciné par le maniement des armes. Difficile de ne pas y voir la métaphore du destin de nombreux jeunes Italiens de l’époque qui sombraient du mauvais côté de la loi.


À partir de ce canevas assez simple, Tonino Valerii soigne le portrait de ses deux personnages principaux et mise davantage sur l’évolution de ces derniers qu’il va évidemment finir par faire se dresser l’un contre l’autre. La facilité est là mais le cinéaste tourne clairement le dos à un western qui ne sait qu’être pétaradant. Il écarte également l’habituelle romance qui conduit les personnages à évoluer. Ici, le scénario préfère s’appuyer sur des principes moraux et les femmes ne sont que des figures fantomatiques qui n’ont pas leur place au premier plan. Pour atteindre son objectif, l’ensemble s’appuie bien évidemment sur la qualité de son duo. Lee Van Cleef, fascinant autant que repoussant, est comme toujours parfait en pistolero finalement sans morale et à l’égo démesuré. Giuliano Gemma, en jeune réprouvé, est convaincant même si sa tête d’ange colle moins à l’évolution de son personnage.


Porté par une chouette musique signée par Riz Ortolani et une réalisation soignée qui sait trouver des angles de photographie baroques, le résultat s’inscrit dans les réussites du western italien. Si la sècheresse de l’ensemble peut pénaliser une œuvre qui aurait mérité davantage de lyrisme, l’exécution est totalement maîtrisée de bout en bout. Certaines scènes sont saisissantes et les gunfights, qui parsèment tout le récit, permettent aux amoureux d’action d’y trouver leur compte. En clair, un western tout à fait recommandable aussi bien pour les amoureux du genre, qu’il soit américain ou italien.


6,5

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le 3 nov. 2024

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PIAS

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