Le Filmeur
7.1
Le Filmeur

Documentaire de Alain Cavalier (2005)

Cavalier est décidément quelqu'un d'unique. Il ne cherche pas forcément à créer, il filme, tous les jours, comme ça, ce qu'il trouve beau comme il dit. En même temps, j'ai l'impression qu'il ne peut pas s'en empêcher, que ça fait partie de sa vie, il a besoin de filmer comme un écrivain aurait besoin d'écrire tous les jours sa journée et ses pensées.

Ça me fait penser à ce que disait Marker dans Sans Soleil sur la mémoire, il se demandait comme l'humanité faisait pour se souvenir avant de commencer à filmer. Le cinéma serait-il un nouvel outil mémoriel, venant après les écrits, la peinture, la photographie ? Il semblerait.

En tous cas, tout ça ça donne le filmeur. Est- ce que c'est du cinéma ? Je ne sais pas, oui et non. Mais c'est sublime. Pendant une heure trente, on partage les pensées de Cavalier, ses réflexions sur les choses qu'il voit directement. Et surtout, surtout de purs instants de grâce qui durent quelques temps seulement. Cet homme est d'une générosité assez déconcertante, qu'il fasse partager des moments sublimes de sa vie comme l'anniversaire de sa mère, je ne suis pas sûr que beaucoup de cinéastes auraient le courage de le faire.

Pour la première fois depuis que je regarde des films, j'ai eu l'impression de ne pas regarder un film, mais de suivre un drôle de bonhomme très drôle (justement) dans ses aventures. J'ai énormément ri devant ce film, Cavalier garde son humour en toute circonstance, même dans des moments difficiles, j'ai explosé au court moment où il nous parle brièvement du foutre du président des Etats-Unis. Ou bien lors de la dernière scène du film, où il nous fait son petit fondu au noir pour terminer.

Ce film transpire le vrai, le beau et le simple. Difficile de ne pas être ému quand Cavalier filme ses parents, parfois en douce, puis se cache parce que la personne l'a remarqué, ou coupe la caméra quand il filme sa mère qui dort au moment où elle se réveille.

Je crois que je préfère encore ce film à Irène (et dieu sait que j'adore Irène), rarement durant ma (très très) courte vie de cinéphile (et c'est peu de le dire, courte) rarement j'aurais été autant ému par quelque chose de simple et de beau. J'ai plus que hâte de voir son nouveau film et ceux que je n'aurais pas vu !

Tant que j'y suis, j'en profite pour dire que ses courts-métrages que j'ai eu le bonheur de voir présents sur le dvd sont justes géniaux, dans la même lignée que ses derniers longs métrages, particulièrement celui où il est au chevet de sa mère à l'hôpital qui est assez déchirant (mon préféré est cependant "J'attends Joël" je pense).
Vaanille

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