Étrange périple d'un garçon victime de la Seconde Guerre à la recherche de sa mère brulée vive au cœur d'un monde onirique. On voit aisément une allégorie de l'île aux morts exposé ici sous les traits chaleureux des œuvres Ghibli. D'abord frôlant le conte horrifique, un héron à la dentition humaine, la douce chaleur d'un feu consumant la défunte, l'automutilation du héros, c'est un sentiment d'inquiétante étrangeté qui prime d'abord sur la curiosité. Néanmoins, lorsqu'il s'agit enfin de poursuivre au cœur d'un château ruminant la mélancolie d'une vie acharné à contempler le monde des morts, alors nous retrouvons cette douce contemplation chère aux auteurs. Ce film brille sincèrement sur ce point, au diable la compréhension du fond c'est peut être l'un des plus sensationnels d'Hayao Miyazaki. Non pas divertissant mais exaltant les sens, le vent, le feu, l’effroi, la vie, la mort, tout y est décomposé à ce point que l'on oublie les motivations existentielles des personnages. Or, c'est peut être là qu'on doit attendre ce film, un rêve dont on oublie les bords tristes sous l'apaisante lumière de l'aube.