Imaginez Burt Lancaster en J.J. Hunsecker, journaliste influent, sinistre, prêt à tout pour protéger sa jeune soeur d'un musicien de jazz et de tout ce qui n'est pas lui en général.
Imaginez-le affublé de Sidney Falco (Tony Curtis), attaché de presse arriviste et sans scrupule.
Le second est le toutou bon à tout faire du premier. Tous deux n'ont de cesse que d'intriguer, manipuler, diffamer, pour satisfaire les angoisses de J. J., qui est aussi puissant que tourmenté, obsessionnel, crypto-incestueux.
Si l' on omet la présence de la femme fatale et de la pluie, on retrouve dans ce film tous les codes du film noir.
L' action se déroule la plupart du temps la nuit dans des clubs qui se voudraient selects, mais sont en réalité les lieux de rencontres et d'échanges peu vertueux. Un parti-pris qui souligne davantage les relations malsaines entre les personnages.
Dans une interview, Tony Curtis disait que lorsqu'il était jeune, ses conditions de vie étaient tellement dures qu'il était prêt à toutes les bassesses pour percer dans le milieu du cinéma.
On pourrait avoir un échantillon représentatif de ce dont il parlait, tellement il se déploie en tant que parfait cancrelat, à l'ambition insatiable, sorte de "Prête à tout" (Gus van Sant) au masculin.
N'y allons pas par quatre chemins : Burt et Tony y campent des salauds magnifiques, dont la relation sado-maso pourrait servir d'étalon référence (presque autant que Todd et Mugatu dans "Zoolander" 1 et 2).
A noter également au casting la présence de David White, le fameux Alfred de "Ma sorcière bien aimée", une fois de plus dans un rôle d'enfoiré, face à Barbara Nichols, la "Marylin Monroe cheap" (je suis un peu méchant, mais vous voyez ce que je veux dire).
Ils ont une scène qui dit tout sur l'ambiance crade décrite plus haut. Pour information, tous les deux se sont également illustrés dans la quatrième dimension.
Le site senscritique.com recommande de regarder "Sweet smell of success" et il a bien raison. C'est un film indispensable pour tour cinéphile digne de ce nom.