Nous avons dans ce film une photo. Cet embouteillage a arrêté la marche de l'humanité pour faire le point. Sur cette route, les passions jusqu'aux plus vilaines sont cristallisées dans la tôle et le bitume. Nous assistons à une avalanche de vulgarité, de mauvaise foi, de vanité, de mensonge, de concupiscence, d'amertume, de colère... j'en passe et des meilleures ; l'amour charnel, l'amour passé, l'amour forcé, l'amour banni, l'amour acheté, l'amour trahi, l'amour vendu, l'amour innocent et flétri. Le profiteur, qui décrète que la nourriture qu'il trouve est sienne, la vend dans l'ordre puis le justicier, qui estime que cela appartient à tout le monde, la distribue dans le chaos. Lamentable impasse... le bout du tunnel : la casse qui les attend pleine de froideur.
Le film de Comencini est très sombre malgré l'humour qui est susceptible de le dédramatiser. C'est un constat pessimiste du réalisateur qui sera surmonté dans un sursaut désespéré, par le biais du prêtre, d'un discours éloquent, édifiant, se perdant au milieu de cette furieuse panique générale, et passant, hélas, presque inaperçu, excepté par un cynisme peu scrupuleux.
Dans ce marécage brumeux, les personnages sont tous plus ou moins égarés. Et certains se battent pour préserver ce en quoi ils croient.