Remarque préliminaire importante sur la note qui accompagne ce billet. Je propose 10 parce que mon épouse adore, sans aucune réserve et à vie, le roman et son adaptation par Albicoco qu'elle avait d'ailleurs vue au cinéma à l'adolescence. Le texte ci-après risque bien de ne pas vraiment refléter cette note parce qu'il se trouve que j'ai, malheureusement, toujours eu des difficultés à adhérer à l'histoire (pour le roman) et à la mise en scène (pour le film).

Je ne reviens pas sur le fond de l'histoire, ne serait-ce que parce qu'il n'y a pas grand-chose à dire sur un livre qui fait partie des livres français les plus lus et les plus traduits au monde.

Quand je dis que je n'adhère pas vraiment à l'histoire, c'est parce que je n'y retiens guère que la dimension "passage de l'adolescence à l'âge adulte" ainsi que les descriptions superbes de cette région de Sologne, dans le Cher, composée de forêts mystérieuses et de lacs insondables. Par contre, l'aspect onirique et cette intrigue assez complexe et touffue m'échappent, parfois, un peu… Et puis avouons-le aussi, j'ai toujours trouvé que les deux seuls beaux personnages du roman y étaient quand même un peu trop maltraités par Alain-Fournier pour mon goût …

Je dois reconnaître qu'Albicoco a bien retranscrit tous ces aspects dans sa mise en scène. Notamment le caractère onirique de la fête se traduit par des bords d'images floutés ou irisés, qui font bien un peu kitsch aujourd'hui, mais ne sont pas non plus sans charme. Il y a des fulgurances assez inoubliables lorsqu'apparaît Yvonne de Galais …

Là où je suis nettement plus partagé, c'est qu'Albicoco accentue encore un peu plus le décalage en affublant tous les paysans – enfin les habitants du cru – d'un accent de terroir à couper à l'opinel avec roulage des "r" très prononcé. Globalement on se retrouve avec deux populations de gens : ceux qui causent normalement parce qu'ils sont instruits ou bourgeois ou citadins et tous les autres qui causent "local" avec des relents de crottin aux sabots ; c'est, pour moi, juste un peu trop et même contreproductif.

Par contre, le casting tourne autour d'une sublime et radieuse Brigitte Fossey dans le rôle d'Yvonne de Galais. Ce rôle marque d'ailleurs son retour à la scène après une éclipse volontaire correspondant à son adolescence après les fameux "Jeux interdits".

Comment faire pour ne pas tomber amoureux de ce beau personnage ? Là, le choix d'Albicoco était forcément gagnant.

Les deux rôles de François (le narrateur) et d'Augustin Meaulnes sont tenus par deux jeunes acteurs pour la première fois à l'écran : Alain Libolt et Jean Blaise.

Alain Libolt est connu pour avoir joué le rôle terrible du jeune traitre dans "l'armée des ombres". Quant à Jean Blaise, il ne jouera plus que dans quelques rares films et se fera connaître comme sculpteur et compagnon de Brigitte Bardot pendant quelques années.

En guise de conclusion, c'est un film intéressant qui nécessite – impérativement – d'avoir une bonne connaissance du roman car il y a de fortes chances qu'un spectateur non averti ait beaucoup de mal à s'y retrouver.

Un film pour les "vrais" aficionados du roman.


JeanG55
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le 6 janv. 2024

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