Pourquoi les films sur des Reines sont condamnés à être du grand n'importe quoi ?

Militantisme de bas étage, manichéisme à nous prendre pour des imbéciles finis, historicité complétement à la ramasse, une conclusion complètement hors sujet avec le reste du propos du film. En clair, le réalisateur s'est trompé de film.

Le film nous relate l'histoire de Catherine Parr, sixième et dernière épouse du colérique roi Henri VIII. Cela aurait pu être effectivement très intéressant étant donné que Catherine est la seule à avoir "survécu" à son mariage avec le roi Henri, tout en soulignant ses idées novatrices et originales qu'elle avait pour l'Église. Tout réside cependant dans le "aurait pu".

Car en effet, le film est complètement à côté de la plaque et rate, selon moi, complètement le message qu'il essaye de faire passer. Pourquoi avec faire cette conclusion qui n'a absolument rien à voir avec le reste du film ? Dans ce cas pourquoi avoir fait un film sur la vie de Catherine Parr qui n'a jouée pratiquement aucune influence sur la vie de la reine Elisabeth Iere ? Et surtout pourquoi avoir fait d'Elisabeth un personnage même pas secondaire mais plutôt tertiaire ? Ils ont choisi de faire d'elle la narratrice pendant le film. Seulement le problème, c'est qu'elle n'intervient qu'au début du film (sans qu'on comprenne que ce soit elle) et qu'à la fin (le dernier plan sera d'ailleurs elle avec un grand sourire) alors qu'elle n'a été que très peu développée pendant tout le reste du film ? Et puis petite mention au message bidon à la fin : "son règne n'a été influencé ni par les hommes ni par la guerre". Alors, déjà, bonjour la subtilité, on a déjà bien compris durant tout le long du film que les hommes n'étaient rien d'autres que des méchants oppresseurs. Mais surtout, concernant la mention de la guerre, ce n'est même pas vrai ?? Il n'y a personne dans l'équipe du film qui était chargée de parler du conflit contre Marie Stuart d'Ecosse ? Du conflit contre la France ? De la guerre contre la Hollande ? De la guerre contre l'Espagne et de son "armada" avant qu'ils rajoutent cette phrase grotesque et malhonnêtes au montage ?

Et cette phrase est à l'image de l'aspect historique du film : mensongère et d'un manichéisme fatiguant : Catherine Parr est absolument parfaite et immunisée de tout reproche. Certes; elle se fait maltraiter par un roi lubrique, colérique et violent; elle se fait même jeter en prison et menace d'être brûlée vive. Mais doit-on alors oublier qu'elle complote contre le roi, notamment en finançant un projet de sédition ? Sans omettre le fait qu'elle diffuse un discours hérétique ? Bien sûr que cela ne veux pas dire qu'elle mérite un tel traitement ni un tel châtiment, mais il s'agit là d'une réflexion contemporaine propre à notre XXIe siècle, dont il est ridicule de chercher à le transposer sur un contexte datant du XVIe.

Ultime absurdité, la fin du film, ou Catherine se livre ni plus ni moins à un régicide. Bon. Outre le fait que ça ne s'est évidement pas réellement passé comme ça, faut-il vraiment insister sur l'idiotie de la chose ? D'autant plus que le film semble nous confirmer qu'elle n'en est ensuite nullement inquiétée, alors qu'elle vient d'assassiner le roi et qu'elle s'apprêtait à être condamnée au bûcher ? Nous avons atteint là le summum de je-m'en-foutisme et de la facilité fainéante.

En d'autres termes, "Le Jeu de la Reine" s'inscrit dans les mêmes pas des autres films qui traitent de la vie d'autres reines (par exemple Marie-Antoinette la série Canal+ ou Jeanne du Barry de Maïwenn). On essaye de dépeindre l'image d'une femme forte et qui tente d'affirmer son caractère au milieu d'un monde d'homme. L'intention est bonne mais la façon dont ces femmes sont systématiquement représentées, je ne crois pas que cela leur rende service. Apporter une vision moderne et fantasmée de ce qu'auraient pu être ces reines, ce n'est aucunement constructif car cela n'apporte qu'une image qui ne s'approche de rien d'autre que d'un simple révisionnisme historique qui est tout bonnement dangereux. Au contraire, montrer la vraie vie qu'on menées ces femmes, les difficultés et les douleurs qu'elles ont rencontrées, dans un véritable soucis d'historicité, je suis convaincu que cela ferait bien mieux circuler le message que les réalisateurs et réalisatrices cherchent à mettre en avant. L'Histoire doit être présentée dans sa réalité crue, qu'elle nous plaise ou non, afin que nous puissions justement mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui.