Le Jugement
5.2
Le Jugement

film de Maxime Ginolin (2013)

Un film à la gloire de M. Gignolin, par M. Gignolin, et avec M. Gignolin

(Je me livre à un démontage en règle de ce film sur mon nouveau blog, j'attache le lien à cette critique)


Ce qui est bien, avec Maxime Gignolin, c'est qu'il ne doute jamais d'avoir raison. Il a toujours avec lui la suffisance qui est devenue sa marque de fabrique, la certitude que le monde est régit par un immense complot que lui seul a eu l'intelligence de mettre à jour. Et "Le Jugement" reflète très bien cet état de fait.

On assiste donc au procès stalinien d'un lobbyiste de l'industrie agro-alimentaire (entre autres, tant qu'à avoir quelqu'un à disséquer vivant et sans anesthésie à la fin, autant qu'il ait aussi travaillé dans l'armement, le nucléaire, bref, que ça soit un bon gros méchant envers qui personne n'aura la moindre empathie). Je dis "stalinien" parce qu'on apprend assez vite que la famille de notre homme est retenue en otage quelque part, et qu'il doit coopérer s'il veut les revoir.

Le "procès" en lui-même se déroule donc de manière prévisible, comme une pièce de théâtre. La "défende" de notre lobbyiste se résume très rapidement à abonder dans le sens de l'accusation (ç'aurait pu être intéressant - ou dangereux - d'avoir un vrai débat, après tout), et on entre dans ce qui pose réellement problème dans ce film: tout.

Commençons par les dialogues. Un huis-clos, et plus encore, un film de procès, doit être porté par des dialogues ciselés, réfléchis, qui permettent de créer une certaine tension. Douze Hommes en Colère (12 Angry Men) ou Le Procès de Singe (Inherit the Wind) sont des films efficaces parce que les dialogues sont construits, qu'ils créent une tension quant à l'issue du film. Ici, on sait au bout de quelques minutes quelle sera le verdict, et on essaye de s'ennuyer pendant les vingt-cinq suivantes.

Un dialogue peut être magistral, mais s'il est délivré par de mauvais acteurs, il sera minable. Inversement, un dialogue assez pauvre, mais dans la bouche d'un acteur de talent, peut se hisser au statut de "potable". Ici, les dialogues creux sont déclamés par des acteurs parmi les pires qu'il m'ait été donnés de voir. Je ne sais pas si on leur a volé leurs âmes, mais en tout cas, on ne parvient pas un seul instant à croire à ce qu'ils disent, à être avec eux ou même à éprouver la moindre dose de sympathie.
Pire que ça, on a même envie qu'ils s'arrêtent, que ça soit la fin de ce qui devient rapidement un calvaire. Et la musique n'aide en rien.

En effet, l'intégralité (ou peu s'en faut) de la bande-son se compose d'un piano jouant principalement des accords dans le grave, et de quelques violons reprenant le thème plusieurs octaves au-dessus. Les mélodies sont simplistes, les rythmes élémentaires, la balance des sons ratée (la musique joue trop fort), et, surtout, incessantes. Il n'y a pas un seul moment dans ce film où la musique ne soit pas présente, et ces sons plaintifs, lancinants, constants, vont vous faire hair ce film.

S'il était sorti en salle, le générique de fin aurait eu droit à un "Merci!" de ma part, tant c'est un soulagement que ça soit enfin fini. D'un point de vue cinématographique, ce film représente le nouveau 0 Kelvin de mon baromètre. Je vais cependant éviter de juger le reste en fonction, sans quoi je vais finir par considérer Twilight comme un chef d'oeuvre du cinéma.

Pour ce qui est de l'idéologie que véhicule ce film... Je pourrais être tenté de lui faire regagner un point: je ne suis pas végan moi-même, mais je considère que nous pourrions mieux élever les animaux que nous destinons à notre alimentation (c'est pourquoi je préfère acheter dans des fermes). Ceci étant, les incohérences et les mensonges (il faut bien parler de mensonges, à ce stade) dont sont tissés les dialogues m'empêche de le faire.


En conclusion, c'est un film réalisé dans un seul but: la gloire de Maxime Gignolin et de sa cause, et tant pis pour le reste, tant pis pour la qualité cinématographique, tant pis pour la vérité qu'il prétend défendre, alors même qu'il remet en scène les heures sombres des Procès de Moscou.
Julien_Collard
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le 10 juin 2014

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Julien Collard

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