Faire peur est un exercice extrêmement difficile. Faire rire tout autant, voire plus. Mélanger ensemble ces deux données est encore plus périlleux. Pourtant, ce grand fou de John Landis, le trublion derrière des classiques comme Animal House ou The Blues Brothers, est parvenu en 1981 à un des plus beaux numéros d'équilibriste de l'histoire du cinéma.


A partir d'une idée qui germait dans sa tête depuis la fin des années 60, John Landis livre avec An American Werewolf in London un hommage sincère à tout un pan du cinéma fantastique, celui devant lequel de nombreux cinéastes de l'époque comme Joe Dante virent naître une passion dévorante pour le mystère et les monstres en tous genres.


Mais tout en reprenant les éléments inhérents au genre, n'oubliant quasiment rien de la malédiction, de la brume, de la lande, des autochtones peu bavards, de la vieille auberge, de la figure professorale ou encore de la romance, John Landis enrobe tout ça d'un ton goguenard typique de son univers, d'un second degré constant, comme si les Universal Monsters rencontraient le Saturday Night Live.


Trimballant son audience pendant plus d'une heure et demie entre tension à se ronger les pouces des deux mains et humour décalé, John Landis jongle brillamment avec les éléments, accouchant d'une véritable montagne russe tonale, d'une liberté tout bonnement incroyable. On passe ainsi d'une légèreté rassurante à l'horreur la plus absolue en un simple battement de cil, avant de revenir à une rencontre entre Lon Chaney, Jr et Tex Avery en passant par une histoire d'amour émouvante.


La réussite d'un tel micmac est peut-être justement à chercher dans ce dernier point, John Landis ayant bien compris que l'épouvante et l'absurde ne servent à rien s'ils ne sont pas au service d'une histoire solide et de personnages attachants. Refusant de céder à la tentation d'un studio voyant bien se reformer le duo John Belushi / Dan Aykroyd (ce qui aurait sûrement ruiné le film malgré le talents des deux comiques), le cinéaste préfère mettre en avant un casting méconnu mais naturel. On ne peut ici que s'identifier à un David Naughton complètement paumé, étranger au parcours tragique et bouleversant, à l'image d'un final aussi bref que déconcertant.


Foutrement flippant, furieusement drôle et véritablement touchant, d'un romantisme tout simple, An American Werewolf in London transcende le(s) genre(s) tout au long d'un numéro casse-gueule mais magistralement exécuté. Et offre, l'air de rien, la transformation la plus marquante jamais vue sur un écran, grâce à l'équipe de magiciens supervisée par le grand Rick Baker. Au sommet de son trône, le roi de la pop s'en souviendra pour les besoins de son projet fou, mais ceci est une autre histoire...

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le 16 août 2016

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Gand-Alf

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