C'est l'histoire d'un mec.

Inspiré de l'histoire vraie d'un afro-américain né "esclave" dans les champs de coton au cours des années vingt et qui entrera à la Maison Blanche en tant que majordome, le film de Lee Daniels nous raconte avant tout l'histoire d'un homme et de son fils avec en toile de fond la longue bataille pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Plutôt mélancolique, assez lent sans être ennuyeux, aucun risque n'est pris dans Le Majordome. Le personnage de Cecil Gaines paraît être avant tout un témoin passif des évènements qui se sont déroulés entre les années 50 et 80. Il a accepté sa position et réfléchit peu. C'est de son fils plus engagé — ainsi que d'une courte apparition de Martin Luther King — que viendra l'étincelle qui permettra au spectateur de sentir impliqué dans la réflexion autour de ce mouvement. Ce manque d'implication se ressent également dans la réalisation extrêmement lisse du film et dans sa narration très détachée de cette trame historique finalement. Le personnage central est véritablement Cecil et on se surprendra à s'interroger bien plus sur l'évolution de la relation entre le père et son fils que sur l'avancement des droits civiques.

Le Majordome n'est pas un mauvais film pour autant. Même si la Maison Blanche et ses présidents sont relégués en simple toile de fond, même si la narration manque sans doute d'un parti pris plus costaud, l'histoire se révèle être intéressante et parvient à nous transporter tranquillement pendant deux heures. Les acteurs sont bons, les images sont belles et les différentes époques historiques — visibles au travers des scènes de "maison" chez Cecil et sa famille — sont bien restituées. On aurait seulement voulu que le film nous mène plus à la réflexion qu'à la vue passive de la vie de son personnage principal.