Eugene Allen était le majordome noir qui a travaillé des années 1950 aux années 1980 au service de 7 présidents des États-Unis à la Maison Blanche, mais ce n'est que grâce au journaliste du Washington Post Will Haygood que sa vie hors du commun au plus près des hommes les plus influents du Monde a été dévoilée au grand public. C'est donc sur cette histoire vraie que Lee Daniels s'appuie pour son nouveau film. Pourtant, il est navrant d'apprendre qu'à l'image de "Ma vie avec Liberace", les grands studios américains n'ont pas souhaité financer le film. Dès lors, le réalisateur a du aller chercher un soutien financier du côté des investisseurs privés, mais c'est aussi grâce à l'arrivée d'acteurs de renom qui sont venus principalement pour le côté artistique et revendicatif du film, et beaucoup moins pour le cachet financier que le projet a pu aboutir.
Lee Daniels a clairement choisi de jouer la carte intimiste pour mon plus grand plaisir, je craignais en effet fortement un côté trop pompeux et patriotique à ce film dont l'action se déroule principalement à la Maison Blanche. Il choisit d'ailleurs de traiter principalement l'intrigue de la famille du majordome, en écho à l'histoire de la société américaine.

On découvre ainsi la vie du jeune Cecil Gaines qui va fuir le Sud des États-Unis après l'assassinat de son père esclave par un blanc en toute impunité. Il quitte alors sa mère toujours traumatisée par cet événement tragique et va rejoindre le Nord des États-Unis où il va se former au métier de majordome, car pour lui, il n'y a rien de plus fort pour un noir que de servir un blanc qui va alors devoir lui donner toute sa confiance : c'est en servant les plus grands de ce monde qu'il va trouver un sens à sa vie. Pour lui, il s'agit là d'une avancée dans les rapports entre noirs et blancs : établir un lien de confiance. Il va ainsi apprendre à servir, à rentrer dans une salle en toute discrétion, et surtout à rester neutre en toute circonstance. Sa femme Gloria élève ses enfants, et le fils aîné, Louis, suit, quant à lui, un chemin totalement divergent de celui de son père : en effet, il rejette totalement l'idée de servir les blancs, et se lance dans un mouvement militant pour que les noirs puissent obtenir des droits civiques identiques à ceux des blancs. Il va alors se rapprocher des idées de Martin Luther King, et mener une vie de protestation entre arrestations, et actions coup-de-poings.
Lee Daniels parvient, grâce à ses deux personnages, à symboliser la division au sein de la communauté noire des États-Unis dans les années 1950 - 1960.
S'en suivront des conflits familiaux, entre des parents droits dans leurs bottes qui estiment qu'il n'y a que par leur travail qu'ils réussiront à obtenir ce qu'ils souhaitent, et un fils pour lequel tout moyen est bon pour arriver ses fins. Le jeune homme va même rejoindre les Black Panthers, un mouvement radical dans lequel il va atteindre un degré supérieur dans la violence de ses actions. Finalement, les deux hommes vont finir par se réconcilier lorsque Cecil, le père, se rend compte que le combat de son fils n'était pas vain et qu'il a réellement contribué à faire changer en profondeur la société américaine.

[...]

Au final, le film est une bonne piqûre de rappel nécessaire qui nous remet en mémoire qu'il y a encore quelques décennies seulement, les États-Unis étaient un pays de ségrégation totale dans lequel le racisme faisait corps avec la société. On comprend l'émotion du président actuel des États-Unis face au destin incroyable de ce majordome pas comme les autres qui a influencé à sa manière l'histoire de son pays, mais l'a surtout particulièrement bien symbolisé.
Edgar_Lagachette
7

Créée

le 8 nov. 2014

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