DeMille

1913. Cecil B. DeMille embarque avec une petite équipe technique à bord d'un train pour Flagstaff, Arizona afin d'y tourner le western Le Mari de l'Indienne. Le jeune metteur en scène ne le sait pas encore mais il est sur le point d'entrer dans la légende hollywoodienne...

D'Est en Ouest

À cette époque, la plupart des tournages se déroulaient à New-York vu que c'était là que tous les studios étaient implantés. Toutefois, à partir des années 10, de nombreux producteurs commencent à délocaliser leurs tournages à l'ouest pour bénéficier de décors naturels plus exotiques et variés, élément ô combien important lorsque l'on tourne des westerns ou autres films d'aventure.

Mais si certains studios décident de tourner ailleurs, c'est surtout pour ne plus être importunés par la Motion Picture Company (MPPC), un puissant consortium de producteurs détenant les droits d'exploitation sur toutes les caméras et projecteurs du marché. Ce monopole sur les outils de production permet à ce Trust d'imposer une taxe à toute personne souhaitant faire un film.

Les studios ne souhaitant pas s'acquitter de la somme partent donc tourner loin de New-York et ce, afin d'éviter le Trust qui peut à tout moment débarquer sur les plateaux de tournage et faire stopper la production. La Famous Player Lasky, petite maison de production pour laquelle DeMille travaille, fait partie de ces compagnies rebelles et envoie donc le réalisateur tourner son western en Arizona. Mais lorsque celui-ci arrive là-bas, il est déçu par le paysage et décide de rester dans le train pour continuer plus à l'ouest, jusqu'à l'arrêt terminus situé dans la bourgade de Los Angeles.

Il était une fois... Hollywood !

Il arrive sur place et loue une chambre dans l'hôtel Alexandria. Très vite, il est mis en relation avec deux hommes, L.L Burns et Harry Revier, qui lui louent un petit studio de tournage dans la ville voisine d'Hollywood pour 250 dollars par mois. À l'époque, Hollywood est, selon les dires de DeMille, un petit village d'agriculteurs avec de jolies maisons nichées au pied de vallées verdoyantes. Tout est encore sauvage. Les rues sont entourées par une nature à la faune abondante et partout, poussent des orangers et des poivriers.

Le studio loué par DeMille consiste en une simple grange entourée de buissons et de prairies. C'est un véritable petit paradis sur terre dont les paysages permettent aux scènes du film de gagner en intensité et en réalisme. Le tournage n'est toutefois pas des plus reposants, l'équipe devant faire face à une population locale agressive qui n'aime pas voir la tranquillité de son bourg être perturbée par des gens du cinéma. DeMille reçoit de nombreuses menaces et un jour qu'il se promène à cheval dans le passage de Cahuenga, il se fait tirer dessus. Heureusement, la balle passe au dessus de sa tête.

De plus, il doit faire face au Trust MPPC qui, mis au courant de ce tournage, aurait envoyé un espion pour y saboter la production. En effet, le réalisateur découvre un jour que quelqu'un s'est introduit dans le studio et a tenté de détruire les négatifs du film. Après ces divers problèmes, Cecil portera toujours un fusil sur lui, nous rappelant qu'en ce début de siècle, Hollywood n'est pas la grande métropole que l'on connaît mais seulement un petit village de l'Ouest sauvage...

Quelques mois plus tard, Le Mari de l'Indienne sort et rencontre un grand succès, poussant DeMille à rester en Californie pour y réaliser d'autre films. L'histoire retiendra qu'il s'agit du premier long-métrage tourné à Hollywood, faisant entrer le réalisateur dans la légende hollywoodienne. Il semble pourtant que d'autres films avaient déjà été tournés avant en ces lieux. Mais quand la légende dépasse la réalité, on imprime la légende...