Le Mari de la coiffeuse par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Avec toute mon amitié je dédie la critique de ce film à Georgia11.

Les parents d'Antoine sont des personnes qui ont beaucoup d'ambition pour l'avenir de leur fils. Son père rêve qu'il obtienne des diplômes qui pourraient amener l'enfant vers une profession prestigieuse.
Le petit Antoine est surprotégé et il va découvrir la sexualité bizarrement par le fait de porter à la plage un maillot de bain ridicule tricoté par sa mère avec des pompons sur les côtés et dont l'irritation provoquée par la laine va être la première étape dans l'attention portée à ses attributs sexuels.
Allant chez la coiffeuse de son quartier et là, voyant l'esquisse de la poitrine de celle-ci, il va découvrir l'extase à tel point que lorsque son père lui demande la profession que plus tard il voudrait exercer, Antoine répond: "épouser une coiffeuse".
Devenu adulte cette obsession va se concrétiser lorsqu'il va découvrir Mathilde, sa nouvelle coiffeuse ravissante et sensuelle. Dès sa déclaration l'osmose va se créer entre les deux êtres. Ils ne se quitteront plus. Antoine en permanence dans le magasin prendra plaisir à l'observer, la toucher, à l'adorer et à faire l'amour à en perdre la raison.

Patrice Leconte qui est pour moi un réalisateur assez inégal dans les œuvres qu'il nous a proposées jusqu'à présent nous offre ici une surprise de taille. Il nous fait là une étude peu banale d'un couple qui va vivre l'un envers l'autre le paroxysme de l'amour.
Déjà enfant Antoine aimait, sans le savoir vraiment, les femmes d'une façon tendre et charnelle. Elles étaient un idéal pour lui depuis l'ouverture du corsage de la coiffeuse de son enfance. Il n'oubliera jamais cette vue subjective d'un sein et son idéal partira de ce détail insolite pour être "absorbé" par une femme qui exercera cette profession.
Devenu un homme mûr il déclare sa flamme à Mathilde qui vient de s'occuper de sa chevelure. Touché par la grâce et la beauté de cette jeune femme il va vivre une période obsessionnelle en attendant le prochain rendez-vous. La réponse de la coiffeuse étant positive, il atteint son paradis, son rêve le plus cher qu'il n'osait peut-être pas espérer. Alors il est toujours présent dans ce salon au grand bonheur de Mathilde. Il la charme, s'occupe des clients en dansant sur des musiques de son magnétophone. Il calme aussi par des ruses et des jeux pleins de gentillesse le jeune enfant qui redoute sa première coupe de cheveux.
Mathilde qui n'a peut-être jamais été vraiment heureuse dans sa vie sentimentale trouve ici le bonheur suprême avec Antoine. Tout est bon pour faire l'amour dans le huis-clos de ce magasin devenu très particulier.

Voici un film que j'ai réellement adoré tant il est tendre, réconfortant malgré une fin inattendue. On retrouve ici le grand Patrice Leconte qui m'avait tant troublé avec "L'homme du train". Cette œuvre au sujet idéaliste est en fait traitée comme un conte ou deux individus vont vivre un moment magique puis s'effacer comme des marionnettes à la fin d'un spectacle qui nous a charmé durant le temps qu'il a duré.
On ne peut dissocier Jean Rochefort, passant de la timidité à l'euphorie et à la passion, de la magnifique Anna Galiena, symbole de liberté touchante à souhait par sa beauté et sa grâce.

Je vous recommande donc vivement de ne pas oublier ce film très inventif et surprenant. De plus l'interprétation est absolument admirable et je pense que vous serez séduit par la musique de Michael Nyman qui apporte une atmosphère très particulière à l'œuvre d'un Patrice Leconte des grands jours.

Box-office France: 358 347 entrées

Note: 8/10