Fallait pas l'inviter !

“I can’t tell if you’re charming or just an asshole".
Telles furent les paroles d'Allison (Cobie Smulders) à l'issue de de sa première rencontre avec Adam (Justin Long) qui déboucha sur une histoire d'amour longue de huit ans.
Un peu plus d'un an après leur séparation, Allison appelle son ancien grand amour pour l'inviter à son mariage. Complètement chamboulé par la nouvelle, Adam accepte dans l'espoir de découvrir si Allison a toujours des sentiments pour lui...

Romcom complètement anecdotique tant au point de vue de son intrigue que de son humour, "Literally, Right Before Aaron" tente de se démarquer avec un personnage principal que le spectateur ne sait justement pas, lui non plus, comment appréhender.
Avec les quelques flashbacks tentant de nous montrer la force de son histoire avec Allison, on ne peut qu'évidemment comprendre la démarche de Adam, il n'a jamais réellement tirer un trait sur celle qu'il considère comme son âme soeur et le voir accumuler les situations embarrassantes en acceptant l'invitation à son mariage juste pour se rapprocher à nouveau d'elle dans l'espoir de la reconquérir a tout de la démarche romantique désespérée qui ne peut susciter qu'une empathie immédiate. Seulement, à ne pas vouloir lâcher l'affaire, Adam en devient petit à petit un monstre d'égocentrisme prêt à saboter le nouveau bonheur de celle pour qui il a encore des sentiments simplement parce que lui ne peut être heureux. Cette approche volontaire du réalisateur/scénariste Ryan Eggold (un acteur vu dans la série "The Blacklist") a le mérite de créer une dynamique différente de ce à quoi le genre nous a habitué, une sorte de mauvais esprit désespéré qui trouve sa raison d'être dans quelques chouettes scènes des derniers instants (l'ultime conversation entre Adam et Allison ou les regards échangés à la toute fin) mais, avant cela, on se retrouve dans une espèce d'entre-deux permanent où l'attachement que l'on pouvait avoir pour Adam s'autodétruit de lui-même et où l'humour grinçant qui devrait découler de cette reconquête impossible fait place à un vrai sentiment de malaise à force de voir Adam s'enfoncer dans toutes les situations les plus gênantes possibles.
Finalement, on reste ainsi pendant tout le film à se demander si Adam est vraiment "charming or just an asshole" sans jamais parvenir à une réponse définitive. Heureusement, Justin Long est suffisamment bon dans ce rôle pour nous faire croire à la réalité de son personnage malgré son comportement jusqu'au-boutiste et, pour peu que l'on ait la même sympathie pour Cobie Smulders et toute la galerie de têtes connues qui les accompagne (Ryan Hansen, John Cho, Dana Delany, Peter Gallagher, Lea Thompson, Charlyne Yi... et mention spéciale à Kristen Shaal pour les rares sourires du film), "Litteraly, Right Before Aaron" se laisse regarder sans trop de déplaisir.
Mais lorsqu'Allison déclare à un moment qu'elle n'aurait jamais dû inviter Adam, on ne peut s'empêcher de se dire que ce n'était pas une si mauvaise idée pour nous épargner toute cette histoire, c'est dire le caractère parfaitement futile du film...