Au-delà d’un rythme clairement trop lent, assoupissant et révélant un scénario manquant d’épaisseur, Le moine et le fusil soulève toutefois des questions pertinentes sur l’ethnocentrisme et permet un regard nouveau sur l’autre et l’ailleurs.
La première partie du film, avant que le rythme ne s’emballe – enfin, n’exagérerons rien, disons, avant qu’il y ait un récit digne d’intérêt, une fois les personnages et leurs desseins présentés, qui s’affronteront au cours de cette fameuse fête de la pleine lune que tout le monde attend avec hâte, et qui n’est, volontairement, qu’un pétard mouillé – n’a guère d’attrait : quelques paysages, quelques portraits maladroits tracés : une sorte de carte postale trop longue et redondante.
Puis, après avoir pris son temps pour expliciter le chronotope et les enjeux, Pawo Choyning Dorji lance enfin le film. Sans faire de satire, ni de pamphlet politique, il montre l’absurdité des premières élections que connaîtra son pays, le Boutan, dont le peuple ne veut absolument pas et qu’on le leur impose, paradoxalement, comme une liberté, une possibilité de choisir – une poignée de décideurs important ainsi le concept occidental de démocratie qui ne sied pas au besoin politique des indigènes et qui au fond n’est que la globalisation d’un capitalisme consumériste ayant pour conséquence des chocs culturels, une perte d’identité et un changement de valeurs loin d’être positif. Il interroge ainsi le bien-fondé d’un système politique aux nombreuses failles, loin d’être supérieur aux autres et pas forcément adapté à toutes les cultures et condamne le regard de l’étranger considérant sa propre culture comme le paradigme.
Sorte de fable bouddhiste à la morale n’illustrant que partiellement le message du film, Le moine et le fusil a le mérite d’ouvrir une fenêtre culturelle et de remettre en question un occident colonisateur.
5,5/10