Le fameux commandant, avec son équipage de valeureux matelots. Il est parti à l’aventure, est allé franchir la dernière frontière. Le monde sous-marin. Le monde du silence, c’est plus poétique, certes. Notre rêve d’enfant. Nager avec les poissons, on l’a fait avec lui. C’est vrai documentaire de vulgarisation, une contrefaçon. Ça a des allures de film d’aventures, mais c’est un masque de carnaval. Moitié BD, moitié film. On va à la découverte des abysses. On voit des images jamais vues ; on en a plein la vue. Exploit. Le fait qu’il n’y ait pas d’histoire, autre que quelques saynètes dignes de la BD franco-belge pour enfants, on peut excuser, vu la qualité « scientifique » et esthétique. Des images impressionnantes au sens propre. Vulgarisation en mondovision.
Naïveté, rudesse, beauté. Voilà comment on peut résumer ça. Voix désynchronisées, (LOL), Anecdotes inventées, ou fabriquées de toutes pièces. Tout est misé sur l’impact. Et ça marche. On vit, et voit un rêve éveillé. Par plusieurs mètres de fond, on plane, sans bouteille de gaz comprimé, bien au fond de son fauteuil. On est à bord de la Calypso, et on peut faire la course avec les dauphins. Magnifique scène. Un vrai bal, avec des centaines, des milliers de participants libres et rieurs, qui fonts des bonds dans la grande bleue, au son d’une musique moderne ou classique, quasi abstraite. Contemporaine. Pleine de bruit et de fureur.
On peut jouer avec Jojo le mérou (??) Les gars de l’équipage, ont baptiser un mérou, et pensent pouvoir l’apprivoiser, comme pour un chien?? Euh…
Ivresse des profondeurs. Ils s’amusent tellement, que certains oublient de remonter, et finissent dans le caisson hyperbare, conçu spécialement pour l’occasion. Ça évite l’embolie pulmonaire, ou un truc du même genre. En tout cas, le remastering est miraculeux, les couleurs, comme neuves. Une redécouverte en soit. On voit des nuances oubliées, des nuances éclatées, et l’obscure beauté comme en apesanteur. Un BLEU inconnu. Éclatant. Et on peut aussi faire exploser un banc de corail à la dynamite. Si, si ! C’est pour les besoins de la science. On peut. Pour pouvoir mieux comptabiliser, classer, ranger, les différentes races de poissons et crustacés qui flottent à la surface la gueule ouverte, après l’explosion. Et voilà que le monde du silence, me fait une drôle de sensation…une BD qui vire adulte, perverse.
Parmi d’autres actes de « bravoure », je vois des hommes se servir de tortues sous-marines comme moyens de locomotion, (idiots).
Utiliser des scooters sous-marins conçus spécialement pour l’occasion, (bien).
Arriver sur une « île déserte ». C’est fake, mais ça fait toujours rire, le gaga de l’île déserte, donc,(bien). S’asseoir sur des tortues géantes de cette même île, qui leurs servent de tabourets vivants, (idiots).
On assiste à l’agonie d’un bébé baleine, charcuté par l’hélice e la Calypso, (douteux). Jusqu’à ce que les « spectateurs » à bord du bateau, se décident enfin à achever l’animal, après que de longues trainées de peinture rouge, aient tapissées l’océan. (Triple idiots).
Et ensuite, notre valeureux équipage va s’acharner sur les requins venus faire leur travail, c’est-à-dire nettoyer la merde que les héros ont foutus. (Là, je ne dis plus rien, y’a plus de mots).
Rudesse, naïveté, beauté, et idiotie. Plus on avançait, plus ça devenait : amateur dans le propos, et idiot à enfermer. Et inconscients. Des scientifiques en vacances…
Des gamins qui s’amusent sur un nouveau terrain de jeu. L’épisode du mérou baptisé Jojo, c’est avouons-le, aussi idiot que le reste. De vrais enfants gâtés. Certains trouveront ça drôle. Des pionniers aveuglés par leur égo, et déconnectés de toute responsabilité. Autant de pouvoir dans de telles mains, ça peut faire peur. Surtout qu’on sort tout le temps l’argument « science » pour justifier. Ou du « c’est comme ça qu’on faisait à l’époque », pour les excuser. Á la fin, je me sentais comme dans Tintin au Congo. Avec le nègre de service qui s’amène, et qui parle petit nègre, et explique « scientifiquement », la nidification des tortues, pendant un interminable quart-heure…euh ! Paternaliste, et con, ce film. Le monde m’appartient. Je fais ce que je veux. Tout ça avec l’aide d’un jeune cinéaste talentueux. Et moi je fais un cauchemar.
J’imaginais à la longue ce qui pourrait arriver, si des extra-terrestres, avaient l’idée de débarquer sur notre petite, planète bleue, avec le même état d’esprit que nos scientifiques de choc. Le carnage que ça serait ! Heureusement qu’il y a la beauté des images. Quand ils ne parlent pas, ne n’ont rien d’autre que se laisser filmer. Le reste…