Le tourbillon...

2eme film du tryptique Gene Tierney - Otto Preminger , entre "Laura" et "Mark Dixon, détective" et également second dans la qualité, ce thriller sans prétention mais à l'ambiance pesante est une petite réussite en soi.

Ann Sutton, est belle, riche, élégante,a un psychanalyste renommé comme époux, mais a un gros défaut : la kleptomanie. Après avoir réchappé d'une humiliation publique dans un grand magasin grâce au très suave Docteur Korvo, celle-ci accepte de le rencontrer plusieurs fois pour qu'il l'aide à surmonter ses pulsions. Néanmoins loin de l'aider celui-ci va imaginer toute une machination destiné à faire accuser sa patiente de meurtre.

Adapté d'un livre, le film a pour qualités d'instaurer une ambiance lourde d'accusation et de culpabilité, essentiellement autour du personnage de Gene Tierney, où il est très clair que le seul fait de ne pas être la femme au foyer parfaite et surtout heureuse, est en soi un crime.

Les parallèles avec "Laura" dans la réalisation sont assez évidents : l'utilisation d'un phonographe ou d'une radio, un méchant suave et séduisant, d'une intelligence et d'un talent largement supérieur, un personnage féminin indépendant où aspirant à l'être. Et dans ces deux films une interprétation irréprochable des deux acteurs principaux : José Ferrer et Gene Tierney.

Tierney, qui s'échappant encore des stéréotypes féminins, souvent exotiques, que les studios lui faisaient enchaîner dans ses films des années 40, parvient en toute justesse à faire vibrer toute l'ambiguïté d'un personnage qui finalement n'aspire qu'à la normalité. Ferrer, lui use à la perfection de sa voix chaude et douce comme le velours, "comme du miel empoisonné" lui permettant de faire sombrer ses victimes dans le "tourbillon" ("whirlpool" titre du film en anglais) leur faisant oublier leurs actes.

Bien inférieur à "Laura" dans la qualité des dialogues mais tout aussi réussi de par les acteurs et l'atmosphère étrange régnant dans ce film. A voir donc.