C'est à ce jour la plus grande réussite publique et critique de la filmographie de Michel Leclerc: Le Nom Des Gens, cette drôle de bête cinématrographique, qu'on aime aussi bien caresser et câliner qu'elle n'aime piquer et faire mal. Comédie bobo par excellence (ou pas? Car un des points forts du film, c'est cette constante auto-caricature, signe que le réalisateur sait bien à quelle catégorie son cinéma appartient, ce que sera son majoritairement son public, et l'assume à 2000%), Le Nom des Gens raconte l'histoire de Bahia, jeune militante de gauche, naïve au possible, et véritable cliché de militante bornée et intolérante vis-à-vis des autres opinions; de sa rencontre fortuite avec Arthur Martin, quinquagénaire coincé qui place le principe de précaution tout en haut de sa pyramide des valeurs. Le choc, générationnel et politique, laissera vite place à une certaine admiration mutuelle. Lui se camoufle derrière son nom passe-partout, elle le brandit pour éviter qu'on l'assimile à la bourgeoise bien-pensante moyenne; mais les deux ne souhaitent qu'une chose au fond, qu'on oublie leurs origines et qu'on les considère eux, en tant qu'individus.
Au-delà du propos politique que j'ai trouvé parfois plutôt lourd (notamment dans de longues et interminables discussions d'opinions qui auraient pu nous être épargnées au vu du résultat final), c'est surtout l'aspect léger sur la question de l'identité et la construction de soi vis-à-vis de ses origines, que j'ai trouvé vraiment très pertinent et plaisant. Le ton léger aide parfaitement à faire passer la pilule du sujet casse-gueule qu'est l'identité, nationale et individuelle. Jacques Gamblin est, comme à son habitude, très bon. Sara Forestier que j'avais déjà adoré dans Suzanne, est parfaite dans son rôle naïve attachante. Leur histoire d'amour est dénuée de bons sentiments, et ce grâce à une mise en scène et un montage ingénieux. Certaines scènes sont pleines d'inventivité et de trouvailles visuelles, comme quand ils racontent leur enfance, ou comme dans la scène du banc, qui figure également sur l'affiche.
Une comédie de très belle facture, qui fait plaisir à voir dans le paysage défraichi de la comédie française.