Le Paradis des saveurs
Suzaki, ou l'enfer des quartiers des plaisirs auxquels une geisha et son homme tentent d'échapper en vain. — Un crépuscule sans lendemain.Un couple se retrouve à la rue à errer sans savoir où aller...
le 26 oct. 2023
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Et voilà, avec un tel synopsis, j'avais signé pour un mélodrame banal à la japonaise. Et qu'est-ce qu'on me donne à la place ? Un véritable bijou ! Si ce n'est pas honteux !
Avec ses 80 minutes, pardon 81, ce film réussit à nous mettre en contact avec une galerie de personnages attachants et émouvants dessinés avec une finesse admirable et incarnés à la perfection par des acteurs magistraux ; même le plus secondaire est un modèle de subtilité.
Tsutae, rendue placide par des vicissitudes douloureuses, dont on en devine très vite une partie, affublée d'un petit ami loser, Yoshiji, mais pas le loser flamboyant qui porte cela ostensiblement, avec panache, mais un loser renfrogné parce qu'il a peur d'affronter la vie, parce qu'il n'est pas sûr de lui. Ils atterrissent, sous l'impulsion de la jeune femme, dans un quartier chaud de la ville, soi-disant paradis, plus purgatoire qu'autre chose en fait, avec son gros lot de tentations, pour essayer de se refaire une vie.
Qui de l'amour ou de l'argent va gagner ? La jalousie, l'infidélité, la vie qui est une vraie chienne d'une cruauté arbitraire (oui, parce que le seul antagoniste ici, la seule chose qui sert cela, c'est ce fichu quartier, il n'y a pas de méchant incarné en un être humain !), la tragédie, peut-être un peu de romantisme quand même, non ? Oui, il y aura de tout cela. Et là, vous vous dites, bah, c'est prévisible de bout en bout. On se doute de comment cela va se dérouler. Quand on en a vu un, on en a vu mille, sérieux. Ben non, justement. Le Paradis de Suzaki met un point d'honneur à ne jamais aller là où on s'y attend. C'est une des trois grandes forces de cette réussite ; la première étant, bien sûr, les personnages couplés aux acteurs.
La troisième, c'est tout simplement la mise en scène de Yūzō Kawashima, impeccable de bout en bout, parvenant à transformer le quartier en personnage à part entière. Et je n'ai jamais vu le symbolisme du pont utilisé aussi bien. Vous aimez les ponts, vous allez adorer.
Bref, si je ne peux pas dire que cette perle absolue est le plus grand film de Kawashima, étant donné que je n'ai pas vu assez de films de ce réalisateur pour pouvoir affirmer catégoriquement cela, c'est bizarre, j'ai envie de l’écrire tout de même, tellement cela me paraît impossible de faire mieux.
Je pense que vous avez compris que je vous recommande ce film sans la moindre réserve ? Bon, promis, j'arrête de vous emmerder avec mon enthousiasme débordant.
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Créée
le 25 juin 2020
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