L'intello et le guerrier - par Cinémathias

    Pour aimer ce film, il vous faudra connaître Genève, la politique de la IVème République, la philosophie, le peintre Paul Klee, le FLN, la guerre d’Algérie, et, si possible, ces 6 thèmes à la fois. Ce n’est ni une jalousie, ni une exagération : pour aimer Godard, il faut être un intellectuel cultivé anarchiste (de droite ou de gauche). Il ne se passe pas 5 minutes sans une référence « culturelle » : une couverture de livre, une citation d’écrivain, un trait de philosophie. Pendant le film, j’ai été obligé de sourire en me rappelant les parodies comiques de ce cinéma intello par les Inconnus, où Bourdon, maquillé en Daniel Toscan Séplanté, commentait : «  C’est époustouflifiant. »
Ce film est décevant pour une autre raison : on croirait une version politique d’*A bout de souffle*, le précédent film de Godard, plus réussi. Les scènes de torture dans la salle de bains réservent le film aux adultes.
Le seul mérite de ce film, c’est le courage de Godard : sortir un film politique qui ne plaira pas à De Gaulle. Le président a censuré le film le temps de la guerre d’Algérie. Savez-vous pourquoi ? Regardez (ou écoutez) seulement la discussion à 1h11.
En revanche, j’ai bien aimé le coup du rond, du triangle et du carré. Et la beauté d’Anna Karina (Véronika), future femme de Godard (là, il a vu juste). Mais la gaffe, c’est une russe avec l’accent anglais de Jane Birkin ! Hommage au cameraman recadrant sans cesse le visage de l’acteur qui parle ; sauf que c’est agaçant. Pour ne rien arranger, les acteurs se ressemblent : les mêmes visages avec une grosse moumoute brune. Du coup, on ne sait plus qui est Bruno le nationaliste, qui sont ses complices et qui sont les arabes ! Enfin, écoutez les dialogues, surtout entre Bruno et Veronika et comptez le nombre incroyable de contradictions, de « Je ne sais pas » : pour moi, c’est épuisant...
On ne peut pas faire différent juste pour faire différent. Godard n’est pas un bon réalisateur ; c’est un bon penseur. Beaucoup de théorie politique et peu de pratique de la guerre. Godard, c’est le petit soldat.
cinemathias
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le 1 janv. 2016

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