Outre sa dimension éminemment propagandiste, ce long métrage illustre bien le conflit de l'individu entre soumission au collectif, à l'ordre national et à l'effort de guerre, et rattachement à la famille, à la terre, tentation de l'intime et de l'égoïsme.
Comme tout film de propagande, Le Plus Beau (ou Dignement selon les versions) accumule les excès, notamment l'emphase patriotique de ces femmes prêtes à crever au charbon par solidarité avec les soldats au front. De nos jours, leur dévotion masochiste peut, au choix, faire sourire ou désespérer. De même, on a rarement vu des directeurs d'usine aussi bonshommes et conciliants.
Mais si Kurosawa met la gomme niveau nationalisme, force est de constater qu'il ne se limite pas à cela. On lui reconnaît par ailleurs un soin tout particulier à l'égard des conditions réelles de travail des femmes qu'il décrit. Il parvient également à insuffler à certaines séquences un souffle et à d'autres une douceur et une humanité merveilleuses que l'on retrouvera quelques années plus tard dans ces plus grands chefs d'œuvres.