L'alcool ou l'aspirine de l'âme

Le Poison raconte l'histoire de l'abstinence alcoolique de Don Birnam, abstinence qui ne dure d'ailleurs que très peu de temps. La force de ce film vient malheureusement de sa modernité. Malgré plus d'un demi-siècle, les règles n'ont pas changées.
La lutte schizophrénique de Don est bouleversante. Le film parvient à nous faire aimer un poivrot invétéré qui est prêt aux pires saloperies pour un peu d'alcool. Bien que ses moments de sobriété soient brefs, le "bon Don" est toujours présent même écrasé par sa manie. Il ne boit plus pour les effets mais parce qu'il le doit, il donne diverses raisons à son penchant, chacune révélant sa personnalité mais ignorant qu'il n'est plus responsable de lui-même. Don n'a plus confiance en son talent d'écrivain dont il était souvent congratulé au lycée. L'alcool le détruit peu à peu, ses relations familiales et amicales, son talent, son esprit et lui-même en général jusqu'à devenir plus qu'une esquisse de qui il est, au point de remettre en question la légitimité de la continuation de son existence.

L’happy-end ne fait pas malvenu au contraire, son suicide ou même simplement l'échec de sa guérison aurait eu l'air d'acharnement et aurait été contraire aux messages du réalisateur : la volonté pour la rédemption mais surtout l'importance de l'entourage sur la guérison, son frère est apte à se faire passer pour l'alcoolique dans le but de le protéger, sa copine sacrifie toute son énergie pour l'aider et le barman, incapable de savoir comment le sevrer, lui offre la porte de sortie, sa machine à écrire.

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le 28 avr. 2023

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Trilaw

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