Il y a surement, au début, l'esquisse du défaut majeur des premiers films des grands cinéastes, ce côté volontariste et appuyé du discours. Du moins pendant la première partie. Après, le film s'en va. Mais vraiment. C'est très beau, et ça restera magnifique jusqu'à la fin. Je dirai même que de ce point de vue, il dépasse largement Saint Laurent, parce que c'est un film plus petit, moins contraint. Du didactisme du début (chaque plan à un sens bien précis, se reporte au sujet au lieu de creuser vers autre chose) Bonello filme une fuite, un mystère vivant et mobile qu'est Jean-Pierre Léaud. Aucun film avec Léaud ne peut être totalement immobile. Parce qu'il y a quelque chose en lui qui fait sentir le mystère, le goût de l'ailleurs, la tentation du souvenir et des fantasmes d'autres monde. Ses yeux creusés et brillants sont une promesse d'échappatoire, les faussetés de son jeu ne résonnent avec rien d'autres que l'humain. Faire jouer Léaud, c'est ouvrir son film à la fuite et donc à l'enfance, c'est la porte ouverte pour un film sans volontarisme. Ce n'est pas un film sur un pornographe, mais le récit d'un homme qui cherche, qui a toujours cherché, qui retrouve son fils et sent le poids des années. Avec cette chose simple et déchirante : Léaud qui construit tout seul sa maison sur un petit terrain d'herbe verte. Et cette voix, toujours particulière, toujours hantée des plus beaux fantômes de cinéma : "Dans mes films, vous pouvez toujours aboutir à quelques secondes de beauté même si vous trouvez que le reste est complètement obscène. Parce que c'est du sexe à l'état pur, et que par conséquent il y a là quelque chose d'humain."
B-Lyndon
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Bonello., Les meilleurs films avec Jean-Pierre Léaud et Les films qui me sont proches

Créée

le 1 oct. 2014

Critique lue 723 fois

3 j'aime

B-Lyndon

Écrit par

Critique lue 723 fois

3

D'autres avis sur Le Pornographe

Le Pornographe
Andy-Capet
7

La chair qui réfléchit et qui veut changer de peau

Comme j'avais été déçu par "L'apollonide - souvenirs d'une maison close" du même auteur, je me suis intéressé au "pornographe", interprété par Jean-Pierre Léaud. Un personnage on ne peut plus...

le 3 nov. 2012

4 j'aime

1

Le Pornographe
B-Lyndon
9

Léaud en fuite.

Il y a surement, au début, l'esquisse du défaut majeur des premiers films des grands cinéastes, ce côté volontariste et appuyé du discours. Du moins pendant la première partie. Après, le film s'en...

le 1 oct. 2014

3 j'aime

Le Pornographe
Tromatojuice
2

Critique de Le Pornographe par Tromatojuice

Faussement intellectuel, le Pornographe se touche la nouille et se gargarise de parisianisme foireux, et de fausses réflexions à deux balles. Ou comment dégrader le cinéma porno, qui lui aussi fût un...

le 8 mars 2013

2 j'aime

Du même critique

The Grand Budapest Hotel
B-Lyndon
4

La vie à coté.

Dès le début, on sait que l'on aura affaire à un film qui en impose esthétiquement, tant tout ce qui se trouve dans le cadre semble directement sorti du cerveau de Wes Anderson, pensé et mis en forme...

le 3 mars 2014

90 j'aime

11

A Touch of Sin
B-Lyndon
5

A Body on the Floor

Bon, c'est un très bon film, vraiment, mais absolument pas pour les raisons que la presse semble tant se régaler à louer depuis sa sortie. On vend le film comme "tarantinesque", comme "un pamphlet...

le 14 déc. 2013

79 j'aime

45

Cléo de 5 à 7
B-Lyndon
10

Marcher dans Paris

Dans l'un des plus beaux moments du film, Cléo est adossée au piano, Michel Legrand joue un air magnifique et la caméra s'approche d'elle. Elle chante, ses larmes coulent, la caméra se resserre sur...

le 23 oct. 2013

79 j'aime

7